Longtemps mal-aimé d’Hollywood, John Carpenter a réussi à marquer les genres de l’horreur et de la science-fiction. Grâce à une vision du monde avant-gardiste et futuriste et à travers des films mémorables, Big John a su s’imposer avec le temps.
John Carpenter a su se démarquer – ce qui n’a pas toujours plu à Hollywood – en inventant et en mêlant la majorité des différents genres de l’horreur. Dans les années 1980, il s’affirme dans la culture populaire et devient son icône. En 2019, il se voit remettre le Carrosse d’or pour l’ensemble de sa carrière au Festival de Cannes. Une reconsidération plutôt cocasse vu qu’il a toujours été boudé par ce festival. Un pied de nez qui rappellerait presque la fin d’un certain Invasion Los Angeles…
D’ailleurs, en cette fin de mois de mars, la plateforme Mubi programme trois de ces films devenus des classiques. Depuis l’aventure cyberpunk (New York 1997), jusqu’à l’horreur (Prince des ténèbres), en passant par la satire consumériste (Invasion Los Angeles), John Carpenter confirme, avec ces trois films, sa grandeur dans le cinéma de l’horreur dont il est devenu l’un des symboles.
Invasion Los Angeles : Le Mal, indéniablement présent chez Carpenter
Un thème récurrent dans l’oeuvre de Carpenter, c’est bien le Mal. Pas celui religieux, moral ou physique, mais le Mal comme comportement inhumain de l’Homme, ce Mal qui vit au plus profond de chacun.
On peut le constater dans Invasion Los Angeles. Cette satire consumériste, anti-capitaliste, reflète tout ce qu’il peut y avoir de pire chez l’humain. John Carpenter dénonce ouvertement la politique et les politiciens de son pays. Déjà très avant-gardiste pour son époque, ce futur dystopique se rapproche très fortement de notre présent actuel.
Ce qu’il y a de plus jouissif dans Invasion Los Angeles, c’est la façon dont Carpenter traite la manipulation des médias, les politiciens et le capitalisme. Le tout par le biais d’un homme qui, grâce à des lunettes de soleil, va « voir » la vérité derrière les apparences. Cette vision va lui permettre de repérer les envahisseurs (politiciens, capitalistes…).
La surconsommation, l’obéissance et la soumission sont des messages récurrents du film, faisant allusion à ses inquiétudes à l’aube du 21e siècle. Il parle ici du Mal de la société, en mettant en garde le spectateur quant à sa manière de consommer, de réfléchir pour ne pas devenir comme tel. On peut dire que la mission fut un échec tant notre société actuelle résonne dans ce film.
En plus d’être une prédiction, Invasion Los Angeles est une réussite en tout point : le scénario est intelligent doté d’un rythme endiablé, les effets spéciaux sont digne d’un film de SF et la bande originale fait partie des plus mémorables.
Prince des ténèbres : L’horreur comme maître mot
L’un de ses plus gros succès, Halloween est encore repris au cinéma – il est même devenu une franchise. La force de l’horreur de Carpenter réside dans le fait qu’il n’est pas seulement visuel, mais dans les sentiments d’angoisse, de peur et de stress.
On peut le constater dans l’excellent Prince des ténèbres qui vient quelque peu revisiter le comte de Dracula. Il mêle l’improbable, la science et la religion, et des scientifiques vont examiner l’inexaminable, le Diable. On plonge petit à petit dans un univers Lovecraftien, avec une esthétique toujours des plus frappantes et une musique glaçante. Dans une église quasi-abandonnée au fin fond de la Californie, des sensations de malaise, de peur mais aussi de fascination, tiennent le spectateur en haleine jusqu’à la fin.
Avec Prince des ténèbres, le maître de l’horreur frappe fort avec cette oeuvre aussi dérangeante qu’excellente. Il excelle dans ce genre, mais pas que… Car il excelle dans tous les genres.
New York 1997 : L’anticipation façon Big John
New York 1997 est une nouvelle preuve éclatante du talent de Carpenter pour croiser les genres. En l’occurence, la science fiction, et le film d’action. Encore une fois, en plus d’être avant-gardiste sur notre société, ce film est palpitant du début à la fin. Dans un New-York coupé du reste du monde au sein d’Etats-Unis dystopiques dirigés par un gouvernement policier, New York 1997 met en scène un personnage qui se bat pour sa liberté : Snake (l’iconique Kurt Russell).
Le scénario n’est pas des plus compliqués, mais par ses rebondissements et la tension qui règnent dans les ruelles sombres de New York, Carpenter nous tient du début à la fin. Le combat essentiel est celui d’un homme libre face à des politiciens de marbre devant n’importe quelle situation.
Entre courses-poursuites, fusillades, et bande-son encore une fois exceptionnelle, New York 1997 vient chercher le spectateur à travers des réflexions sur l’avenir, la politique, l’écologie et l’indépendance. La réalisation de Carpenter semble toujours livrer un message sur l’avenir, et, peut-être est-il médium, mais il se trompe rarement.