Avec Irrésistible, imaginez un film où Michael Scott de The Office serait propulsé dans un Bienvenue chez les Ch’tis version rednecks, et où il multiplierait les gaffes.
Imaginez ce mash-up improbable. Vous l’avez ? Si oui, alors vous serez peut être tentés par Irrésistible, la nouvelle comédie avec Steve Carrell. En revanche, si vous n’avez rien compris à cette introduction, cette satire politique vous fera autant vibrer qu’un meeting de Yannick Jadot dans la salle des fêtes de Bourg-Madame (Pyrénées-Orientales).
Gary Zimmer (Steve Carrell) est un stratège politique du parti démocrate, qui a autrefois aidé Bill Clinton et Barack Obama à remporter l’investiture suprême. Mais il vient de subir la plus improbable et humiliante défaite de sa carrière : sa candidate, Hillary Clinton, a perdu une élection imperdable, la présidentielle américaine de 2016 face au Républicain Donald Trump. Afin de relancer son parti et retrouver du lien avec la base populaire de l’Amérique profonde, Zimmer s’investit personnellement dans la campagne municipale d’une petite ville du Wisconsin farouchement pro-Trump. Voulant faire de cette élection un symbole de la reconquête de l’électorat ouvrier, Zimmer va devoir se frotter à sa némésis Faith Brewster (Rose Byrne), son alter ego stratège du parti républicain.
Une comédie politique pas original du tout
La comédie politique est un grand classique du cinéma américain, qui a engendré des grands classiques intemporels (Mr Smith au Sénat de Capra avec James Stewart) comme des pantalonnades loufoques et décomplexées (Moi, député de Jay Roach avec Will Ferrell). Pour son deuxième long métrage, Jon Stewart (surtout connu en France pour son mème du Daily Show où il mange avidement du pop-corn – on a la célébrité qu’on peut), semble constamment hésiter entre ces deux genres.
Si Irrésistible commence à Washington avec un sérieux presque sentencieux, laissant espérer un House of Cards version cinéma, le métrage bascule rapidement dans la pochade, une fois arrivé dans les vastes champs de la bourgade du Midwest. Serait-ce un piratage de Steve Carell, qui une nouvelle fois vole le show, avec ses malaisants dérapages ? Ou bien l’appel de l’Amérique d’en bas, qui se prête facilement à cet humour quelque peu condescendant venu de la capitale ? Peut-être est-ce un peu de tout ça, et le film ne trouve jamais la distance entre le sérieux du sujet et la farce sans profondeur. Zimmer le démocrate de gauche est déconnecté de son électorat comme l’est un député socialiste d’un ouvrier ArcelorMittal de Florange. C’est drôle. Ça ne va pas plus loin.
Un sujet vite expédié
Irrésistible se voudrait proche du peuple, mais comme son héros, il ne sait pas bien ce que ça veut dire. Pourtant, Jon Stewart essaye bien de donner de la substance à son script, de montrer le chômage galopant de la ville, les magasins irrésistiblement fermés, une région qui se meurt.
Mais il reste invariablement plus proche de Bienvenue chez les Ch’tis que de Dark Waters, si bien que tout le contexte social reste en note d’intention, comme une toile de fond pittoresque, un simple décor. Et quand le scénario veut renverser le jeu comme on renverserait les valeurs au moment du Grand Soir, c’est un prix d’un twist improbable et particulièrement balourd.
Il reste de Irrésistible un divertissement amusant, qui satisfera probablement les aficionados de Steve Carell. Rien que pour cette drôlerie, il est difficile de résister.
Pingback: Scandale : Mauvais copieur ? | Critiques