Le film noir est l’un des genres les plus populaires du cinéma. Alfred Hitchcock, Fritz Lang, Billy Wilder, Otto Preminger, John Huston et tant d’autres s’y sont essayés et en ont fait leur genre de prédilection, avec plusieurs classiques à la clé. Les films du Camélia ressortent le 18 septembre au cinéma en version restaurée 4 films noirs américains qui valent le détour.
Le Faucon Maltais de John Huston est souvent considéré comme le premier film noir. C’est un genre plutôt sinistre, sombre, cauchemardesque avec une pointe de désespoir et des histoires qui finissent mal. Les films du Camélia mettent ce genre à l’honneur en proposant une rétrospective de 4 films noirs américains à partir du 18 septembre au cinéma :
- Le Piège de André de Toth (1948)
- La rue rouge de Fritz Lang (1945)
- L’évadée de Arthur Ripley (1946)
- L’emprise de John Cromwell (1934)
Le piège (Pitfall) de André de Toth
Pitfall est un film noir par excellence. La tension monte petit à petit, et ce, grâce à une musique excellente. Elle accentue aussi bien la tension que le drame et le désespoir. Comme son titre l’indique, notre protagoniste va se faire prendre dans un piège qui ne va cesser de grossir en se refermant sur lui. Relevant la faiblesse de l’homme face à une femme, Pitfall est classique dans son scénario mais efficace dans sa mise en scène et dans l’utilisation parfaite du suspense et de l’angoisse de la chute.
On s’attache à la fois aux deux protagonistes, tantôt en les comprenant, tantôt ne les comprenant pas. Les dialogues sont justes, subtils et amplifient la profondeur des personnages. Les acteurs (Dick Powell et Lizabeth Scott) ont une alchimie folle à l’écran, et la mise en scène vient appuyer la descente aux enfers que vivent nos deux amoureux. Dénués d’espoir de s’en sortir, c’est là que Pitfall est brillant et qu’il nous tient en haleine.
La rue rouge (Scarlet Street) de Fritz Lang
La rue rouge de Fritz Lang montre encore une fois que ses collaborations avec Edward G. Robinson et Joan Bennett sont merveilleuses à voir à l’écran.
Après son excellentissime La femme au portrait, Fritz Lang réalise, avec la même noirceur et le même désespoir un drame incommensurable montrant que la manipulation n’a aucun scrupule, qu’elle est d’une force sans nom. Cet homme, divinement interprété par Edward G. Robinson, va être une proie facile, possédant un triste passé, un manque de confiance en soi, une naïveté flagrante… et pourtant on s’attache à lui.
Tout s’accélère, les solutions disparaissent, et seulement la panique, l’angoisse et l’impossibilité de revenir en arrière s’intensifient. Un excellent scénario et une mise en scène impériale font de La rue rouge un des meilleurs films noirs, pourtant pas assez connu à notre goût.
L’évadée (The chase) de Arthur Ripley
Beaucoup moins prenant que les deux premiers, L’évadée a toutefois quelques bons points. Commençons par le positif : Peter Lorre qui vole la vedette aux acteurs principaux. Il est si bon en gangster malveillant, tandis que nos acteurs principaux ne sont pas rayonnants ensemble, avec une alchimie proche de zéro.
La mise en scène est aussi très jolie, mais le scénario est un des problèmes. Déjà, nous avons une fin heureuse, qui est plutôt malvenue dans un film noir qui avait pourtant de si bonnes idées. Le rythme est lent et le récit bien trop vague et pas assez exploité pour nous captiver jusqu’au bout.
Pareil pour l’écriture des personnages. Ils auraient pu avoir bien plus de profondeur et donc être plus attachants et plus intéressants. L’évadée possède toutefois une belle photographie, et même si l’ennui vient nous chercher, c’est visuellement que le film va nous toucher. Pas le plus mémorable, mais pas non plus le plus désagréable.
L’Emprise (Of human bondage) de John Cromwell
Mélodrame prenant, confrontant les relations toxiques à une triste réalité : L’emprise est un film que la difficulté de se défaire de l’amour. Le visionnage n’est pas agréable tant on va haïr cette femme qui va se jouer jusqu’à sa mort de cet homme, si gentil, essayant sans cesse de l’aider dès qu’elle revient vers lui.
Confrontant son spectateur à la manipulation dominant-dominé, John Cromwell réussi à nous absorber dans ce récit très bien écrit, avec une mise en scène classique mais accomplie, et des acteurs merveilleux. Bette Davis subjugue à l’écran. Elle arrive à nous faire ressentir tellement de sentiments néfastes à son égard avec un tel talent, que c’en est juste merveilleux.
L’Emprise est une film noir et un mélodrame d’une discrète réussite, apportant de très beaux questionnements de vie.