L’animation à l’honneur au Festival de Cannes 2024 : une bonne sélection ?

Cannes 2024

Avant de clôturer sa 76e édition avec Elementaire, le Festival de Cannes a accueilli une jolie sélection de films d’animation cette année. Du Japon à la forêt amazonienne, les studios nous ont fait voyager à travers des mondes colorés et verdoyants.

Alors que le Festival d’Annecy (9 au 15 juin) se rapproche, quelques films d’animation ont été projetés en avant première au Festival de Cannes. Une édition qui a mis l’animation plus en lumière que jamais en donnant une palme d’honneur au Studio Ghibli. L’occasion pour nous de découvrir des courts métrages exclusifs de Hayao Miyazaki mais également de vous présenter de nouveaux réalisateurs prometteurs.

Voici notre retour sur 5 films d’animation projetés à Cannes cette année, du meilleur… au moins bon.

1 – Sauvages de Claude Barras, sortie le 16 octobre

Synopsis : “À Bornéo, à la lisière de la grande forêt tropicale, Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Au même moment Selaï, son jeune cousin, vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et le bébé singe vont lutter contre la destruction de la forêt ancestrale, plus que jamais menacée. Mais pour Kéria, ce combat sera aussi l’occasion de découvrir la vérité sur ses origines.”

© Haut et Court

Après Ma vie de courgette (2016), Claude Barras fait son retour, tant attendu. Avec un film toujours aussi humain et politisé, il parvient à faire rayonner ses personnages dans un cadre dramatique. Entre lutte écologique et quête de leurs racines familiales, les protagonistes s’aventurent dans les forêts amazoniennes. Un décor atypique qui demande un travail riche et précis (avec notamment l’utilisation de la stop motion).

Les ombres et lumières traversent ces arbres et plantes immenses pour apporter de la grandeur à ces espaces sans limites. Malgré son sujet sans fin heureuse (la déforestation industrielle) il se dégage un réel rayonnement d’espoir dans Sauvages. Les personnages sont d’une grande délicatesse et portent leurs valeurs avec tout leur cœur.

2 – Angelo dans la forêt mystérieuse de Vincent Paronnaud, Alexis Ducord, sortie le 23 octobre

Synopsis : “Angelo, 10 ans, se rêve aventurier et explorateur. Jusqu’au jour où, partant en voiture avec sa famille pour se rendre au chevet de sa Mémé adorée bien malade, il est brusquement mis au défi de prouver son courage : oublié par erreur sur une aire d’autoroute, Angelo décide de couper à travers la forêt pour rejoindre la maison de Mémé. Il s’enfonce alors dans un territoire mystérieux peuplé d’êtres étranges que menace un ennemi pire encore que l’ogre de la région…”

La vraie surprise du Festival de Cannes, elle est là ! Adapté de la bande dessinée éponyme, écrite par le réalisateur, ce film d’animation est d’une douceur sans pareil. Entre stop motion et animation 3D, le personnage comme le réalisateur imaginent un monde où les robots chantent et les fleurs poussent grâce à des bonbons.

Avec la place importante apportée à l’humour et à la rêverie, Angelo nous attendrit dès les premières minutes du générique. Il réveille en nous notre quête d’aventure avec un personnage qui fait preuve d’un grand courage. Rappelant les designs de bande dessinée et les récits de jeux vidéos, la magie opère. Si les personnages et enjeux pâtissent quelque peu d’un sentiment de déjà vu, cela n’empêche pas de passer un moment très réconfortant.

3 – La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius, sortie le 20 novembre

Synopsis : “Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. Le froid, la faim, la misère, et partout autour d´eux la guerre, leur rendaient la vie bien difficile. Un jour, pauvre bûcheronne recueille un bébé. Un bébé jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois. Protégée quoi qu’il en coûte, ce bébé, cette petite marchandise va bouleverser la vie de cette femme, de son mari, et de tous ceux qui vont croiser son destin, jusqu’à l’homme qui l’a jeté du train. Leur histoire va révéler le pire comme le meilleur du cœur des hommes.”

© StudioCanal

Michel Hazanavicius n’a cessé de métamorphoser son travail de film en film. Après la comédie, le biopic ou encore le film muet, il marque son retour avec un film d’animation, qui lui aura demandé des années de travail. À la fois histoire merveilleuse sur un enfant sauvé et conte monstrueux sur les horreurs de la Shoah, il ne laisse pas son spectateur indemne.

Suite à une première partie mystérieuse, portée sur l’amour maternel… la neige fond rapidement pour laisser apparaître les cendres et corps mutilés. Une rupture de ton déstabilisante qui nous laisse dans un état perplexe. Si cette fin frontale et criarde se veut en miroir des horreurs commises lors de la Seconde Guerre Mondiale, elle engendre également un déséquilibre dans l’harmonie du récit.

4 – Flow de Gints Zilbadolis, sortie prochainement

Synopsis : “Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l’eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.”

Le sujet de l’écologie aura été au rendez-vous dans les films d’animation du Festival de Cannes, cette année. Après Sauvages et Angelo dans la forêt mystérieuse, Flow s’invite dans une nature reprenant ses droits. Immergeant son monde sous l’eau, la nature se veut sans pitié. Au milieu de ce chamboulement, le petit chat solitaire doit se trouver des alliés pour survivre aux flows.

Avec son design atypique, proche de celui des cinématiques de jeux vidéos, le film en devient immersif et contemplatif. Avec son aspect muet mais également par ses plans longs et virevoltants, il crée une ambiance enivrante. Mais le récit ne parvient pas à suivre la grandeur esthétique et est répétitif et peu conclusif, lassant son spectateur.

5 – Anzu, chat fantôme de Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita, sortie le 21 août

Synopsis : “Karin, 11 ans, est abandonnée par son père chez son grand-père, le moine d’une petite ville de la province japonaise. Celui-ci demande à Anzu, son chat-fantôme jovial et serviable bien qu’assez capricieux, de veiller sur elle. La rencontre de leurs caractères bien trempés provoque des étincelles, du moins au début…”

Parce qu’un seul chat ne suffisait pas, Anzu s’est rajouté à l’aventure cannoise, tout droit venu du Japon. Personnage familier de la culture manga, il s’adapte ici dans une histoire originale où la quête d’identité et le deuil sont les enjeux principaux. Mêlant la rotoscopie à des dessins plus traditionnels, le film s’ouvre sur des couleurs pastelles merveilleuses.

Si la plastique du film est charmante, que le gros chat péteur nous fait décrocher quelques sourires, le film se perd rapidement dans un manque crucial de subtilité. Difficile de s’accrocher à des personnages qu’il nous semble avoir déjà vu un nombre incalculable de fois, avec le même récit. Le film ne parvient pas à se démarquer et certaines scènes sont bien trop rudes pour un regard enfantin (même le notre, c’est pour dire).

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