Comme chaque année, le mois de mai rimait avec la parution du plus grand festival de cinéma : le Festival de Cannes 2023.
Du 16 au 27 mai, des cinéastes du monde entier se sont donnés rendez-vous sur la Croisette pour tenter de faire autant briller leur nouveau film que les mannequins resplendissaient sur le tapis rouge. Qui dit cinéma japonais, vietnamien ou encore sénégalais, dit forcément diversité mais aussi difficulté, pour nous, de choisir un top 5 parmi tant de richesse. Ce Festival de Cannes 2023 nous aura autant permis de rire grâce au nouveau film de Nanni Moretti, Vers un avenir radieux, que de verser de chaudes larmes face aux horreurs dépeintes dans les films Rien à Perdre et Les filles d’Olfa.
1 – Simple comme Sylvain de Monia Chokri, en salles le 27 septembre
Synopsis : Sophia est professeure de philosophie à Montréal et vit en couple avec Xavier depuis 10 ans. Sylvain est charpentier dans les Laurentides et doit rénover leur maison de campagne. Quand Sophia rencontre Sylvain pour la première fois, c’est le coup de foudre. Les opposés s’attirent, mais cela peut-il durer ?
À Cannes, il est parfois question de rendez-vous. Des films qui nous font nous sentir au bon endroit, au bon moment. Nous tombons alors éperdument sous le charme d’un casting, enveloppées dans un cocon de tendresse. Monia Chokri a apporté de jolis rayons de soleil québécois sur la croisette avec un long métrage rempli d’humour et de romance, sans oublier de laisser le spectateur se questionner sur ses propres tourments.
2 – Monster de Hirokazu Kore-Eda, en salles le 27 décembre
Synopsis : Le comportement du jeune Minato est de plus en plus préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon. Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, la vérité se révèle bien plus complexe et nuancée que ce que chacun avait anticipé au départ…
Les spectateurs cannois semblent préparer à vivre une expérience bouleversante à chaque venue de Hirokazu Kore Eda au Festival de Cannes. Avec un récit plus que nécessaire, le réalisateur japonais a signé nos premières larmes des festivités. Comme à notre habitude, nous retrouvons toujours une lumière apaisante au travers de sujets complexes et intimes, notamment grâce à la somptueuse bande originale signée par le regretté Ryūichi Sakamoto. Aucune surprise en le voyant remporter le prix du meilleur scénario tant l’effet Rashomon est utilisé avec intelligence.
3 – Anatomie d’une chute de Justine Triet, en salles le 23 août
Synopsis : Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.
Jour 5 – Nous montons les marches du Palais des Festivals et observons les membres d’Anatomie d’une chute défiler quelques minutes plus tard. Obnubilées dès les premières minutes par l’atmosphère glaciale posée par Sandra Huller… nous ne nous rendons pas encore compte que nous nous trouvons face à la palme d’or. L’écriture est menée avec finesse de bout en bout, sans surprise grâce à une collaboration avec le génie Arthur Harari. Un film qu’il nous tarde que vous découvriez tant il révèle notre humanité et nos failles face à la justice.
4 – Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese, en salles le 18 octobre
Synopsis : Au début du XXème siècle, le pétrole a apporté la fortune au peuple Osage qui, du jour au lendemain, est devenu l’un des plus riches du monde. La richesse de ces Amérindiens attire aussitôt la convoitise de Blancs peu recommandables qui intriguent, soutirent et volent autant d’argent Osage que possible avant de recourir au meurtre…
Alors que nous craignions de ne pouvoir découvrir un nouveau film de Martin Scorsese sur grand écran, le réalisateur frappe fort avec Killers of the Flower Moon. Sans surprise, il fait part de toute sa grandeur pour nous plonger dans un film naturaliste, qui n’oublie pas d’être majestueux. Dans l’ombre de Robert de Niro et Leonardo DiCaprio se dévoile une exceptionnelle Lily Gladstone qui enrôle un personnage éblouissant. Une performance qui lui aura valu une longue standing ovation.
5 – Le ravissement de Iris Kaltenbäck, en salles en octobre
Synopsis : Lydia, sage-femme très investie dans son travail, est en pleine rupture amoureuse. Au même moment, sa meilleure amie, Salomé, lui annonce qu’elle est enceinte et lui demande de suivre sa grossesse. Le jour où Lydia recroise Milos, une conquête d’un soir, alors qu’elle tient le bébé de son amie dans ses bras, elle s’enfonce dans un mensonge, au risque de tout perdre…
Film discret, caché dans la sélection de la Semaine de la Critique de ce Festival de Cannes 2023, Le Ravissement est de ceux qui sont une réelle surprise. Premier long métrage de Iris Kaltenbäck porté par un duo magnétique (Alexis Manenti et Hafsia Herzi), il signe le début d’une carrière prometteuse. Sans juger ses personnages, la réalisatrice traite avec audace et retenue de la solitude, de l’impact de celle-ci dans nos rapports aux autres.
– Par Margot Costa et Lou-Anne Lemaire