Pour étudier, il faut parfois basculer dans l’illégalité. C’est le sujet de Emily the criminal.
Sans bourse aux Etats-Unis, il faut compter à peu près 40 000€ de scolarité par an pour bénéficier d’un parcours scolaire décent dans le secondaire. Ainsi, l’entrée dans la vie active s’accompagne souvent d’un crédit étudiant à rembourser, parfois à vie… John Patton Ford réalise son premier long-métrage, Emily the criminal, en s’inspirant de sa propre expérience . Un crédit de 100 000$ à rembourser à la fin de ses études…
Croulant sous les dettes, Emily intègre un réseau d’arnaqueurs à la carte de crédit pour subvenir à ses besoins et s’affranchir du système.
Un passé douloureux
Dès les premiers instants du film, le spectateur comprend qu’Emily (Aubrey Plaza) souffre de son passé. Son entretien d’embauche est interrompu par le sujet de son casier judiciaire, apparemment loin d’être tout blanc… Travaillant désormais comme livreuse/préparatrice de commande pour un traiteur, Emily semble coincée dans un système pervers.
Martelé par le titre du film, l’enjeu du film ne réside pas dans le fait de savoir qui elle est, car nous le savons d’ores et déjà, mais plutôt de se demander qui elle deviendra. Ce sont d’ailleurs les quelques entretiens d’embauche qui nous permettront d’en apprendre un peu plus sur son passé et sur ce qui l’amène à cette direction.
Dans la veine d’un thriller des frères Safdie, Emily The Criminal nous plonge dans un suspense haletant, où l’ambiance est construite autour de l’intimité de son personnage principal féminin fort. À contre-courant et à des années lumière de sa zone de confort, Aubrey Plaza (Parks and Recreation) pourrait très bien être comparée à la Michelle Rodriguez de l’époque. Même s’il s’agit d’arnaqueurs et de criminels, nous nous attachons facilement à ses personnages parce qu’ils ne sont “que” des voleurs, ne portant jamais directement atteinte à la santé de qui que ce soit. Contrairement à d’autres films, le mentor (ici interprété par Théo Rossi) sort lui aussi des sentiers battus des gros caïds qui ne vivent que par ou pour l’argent et la violence.
Critique indirecte du rêve américain et des entreprises aujourd’hui (comme faire occuper des postes à responsabilité à des stagiaires sans les rémunérer), Emily The Criminal parvient à nous charmer du début à la fin avec son apparente simplicité. Le film obtient le Prix de la ville de Deauville lors de la 48e édition du festival américain de Deauville.