Avec De grandes espérances, Sylvain Desclous réunit pour la première fois à l’écran le couple Rebecca Marder et Benjamin Lavernhe dans une affaire où carrières politiques et lourds secrets se mêlent. Atteindre les hautes sphères du pouvoir en montrant patte blanche n’est pas une chose aisée…
Dans De grandes espérances, Rebecca Marder joue Madeleine, jeune étudiante de Sciences Po Lyon, vouée à une grande carrière politique. Elle file le grand amour avec Antoine (Benjamin Lavernhe), lui aussi destiné à côtoyer les plus hautes sphères de l’État. Tous deux s’octroient alors quelques jours de vacances en Corse afin de préparer leurs oraux de l’ENA. Lors d’une banale balade en voiture sur les routes de l’île de beauté, ils croisent le chemin d’un automobiliste local avec qui une violente dispute éclate et vire au drame. Un secret dramatique les lie à jamais et risque de menacer leurs carrières respectives.
Un trio de choc…
Et si l’année 2023 était celle de la confirmation pour Rebecca Marder ? L’actrice de 27 ans est à l’affiche de trois longs-métrages en l’espace de moins de deux mois (La Grande Magie, Mon Crime et De Grandes Espérances). Après deux passages remarqués et remarquables dans Une jeune fille qui va bien et Simone : le voyage du siècle en 2022, l’ancienne benjamine de la Comédie française attaque cette nouvelle année avec de beaux projets.
Un océan de possibilités : le film s’ouvre sur la mer Méditerranée. Madeleine (Rebecca Marder) y flotte, comme portée par son propre destin. Un repas de famille nous introduit chaque personnage, avec brio. Les enjeux du récit sont clairs et portés par un trio en totale symbiose. Emmanuelle Bercot ajoute cette légère touche de dureté et de charisme, sans en faire trop. La première demi-heure est d’une véritable efficacité, tant par son jeu que par sa réalisation. Grâce à une excellente direction d’acteurs, il est impossible de ne pas être cueilli par cette introduction. Il est aussi impressionnant de voir comment Sylvain Desclous capture chaque fragments de ces idylles naissantes, amoureuses certes mais aussi professionnelles. Le moment de bascule nous plonge dans un chaos total. La salle toute entière retient son souffle. La tension est palpable. Les visages et les regards ne sont plus les mêmes, les destins non plus.
…enfermé dans un récit qui se perd
Nul doute qu’un scénario comme celui-ci nous réserve de grandes surprises dont seuls les thrillers politiques sont capables… et pourtant. Une fois les enjeux du film posés, il devient difficile de saisir quelles directions souhaite nous faire emprunter le réalisateur. Ce sentiment particulier crée alors un faux-rythme dans l’enchaînement des scènes. Certains choix scénaristiques ne fonctionnent pas ; si bien qu’on ne saisit pas immédiatement comment nos protagonistes se sont retrouvés dans de telles situations.
La réussite du film repose donc sur ses trois acteurs principaux qui crèvent véritablement l’écran. La conclusion nous laisse quelque peu sur notre faim. Trop de précipitations qui nous détachent encore plus de ce qui se déroule sous nos yeux pour arriver jusqu’au générique final avec un sentiment étrange : celui d’avoir lu un livre en ayant sauté quelques chapitres.
De Grandes Espérances porte bien son titre. Porté par une flamme qui s’essouffle peu à peu, le deuxième long-métrage de fiction de Sylvain Desclous n’est pas un thriller politique désagréable, mais c’est pour son casting que de grandes espérances naissent. Rebecca Marder et Benjamin Lavernhe n’ont pas fini d’impressionner, loin de là.