Bull est un film réalisé par Annie Silverstein, racontant l’histoire d’une adolescente (Amber Havard) élevée dans une famille pauvre, commençant à s’intéresser au passe-temps de son voisin (Rob Morgan), le rodéo.
C’est bel et bien le cliché américain que le film de Silverstein décide d’incarner, d’une part parce que la réalisatrice décide de traiter d’une Amérique pauvre que les films américains indépendants s’échinent à dépeindre dans tous les sens, et d’une autre part parce que le film décide d’aborder cette pauvreté avec une quelconque passion qui se révèle émancipatrice. Ça aurait pu être la musique, les études, le sport,… comme dans bon nombre de ce genre de films, mais il s’agit ici du rodéo.
Tout d’un téléfilm
La façon d’amener le sujet n’est certes pas fine ou délicate : elle arrive avec les gros sabots. La mère en prison, la grand-mère qui s’épuise à corriger sa petite-fille qui fait bêtise sur bêtise,… Pour autant, le film sait toucher le spectateur en lui apportant ce qu’il attend. Absolument tout le film peut être prédit à l’avance, tant il rentre dans les petites cases de son genre. Mais quand il y a une bonne réalisatrice derrière la caméra et des acteurs incarnant à la perfection leur rôle, une alchimie entre le spectateur et le film ne peut s’empêcher d’être créée. Bull ne fera partie d’aucun top de l’année, aucun critique n’ira chanter sur tous les toits les qualités d’un film comme celui-ci.
Il a presque tout d’un téléfilm, il semble manquer d’ambition et n’est pas un bijou de technique, mais il y a et aura toujours en son sein cette capacité à procurer une sorte de réconfort en voyant le film. Après tout, que demander de plus à un film qui n’a jamais la prétention ou la volonté de s’affirmer comme un renouvellement cinématographique ? Le spectateur éprouvera toujours ce sentiment malsain de voir ramer le personnage principal, qui peu à peu s’émancipe et se révèle à lui-même.
Souffrance et tristesse
Il faut nécessairement passer par la souffrance et la tristesse pour réussir à renaître tel un phoenix. Bull nous le démontre, à l’instar de nombreux films lui ressemblant (et tout autant qu’une immense partie de la sélection de Deauville cette année).
Mettre en avant une telle fragilité ne peut qu’émouvoir le spectateur qui se veut supérieur et protecteur, d’autant plus qu’elle contraste avec le monde dangereux et violent que la jeune fille essaye d’intégrer (de nombreuses blessures dues au rodéo sont mises en avant dans le film).
Bull est donc loin d’être un film révolutionnaire. Il ne marquera pas les esprits, ni dans le bon ni dans le mauvais sens. Il répond simplement et heureusement aux attentes émotionnels et cinématographiques de son spectateur, attentif au thème le plus important de tout le cinéma : l’évolution de ses personnages et la naissance d’une beauté à partir de décombres.