Bonnard, Pierre et Marthe de Martin Provost : À pinceaux tirés

Bonnard pierre et marthe vincent macaigne

Martin Provost, après Séraphine ou encore La Bonne épouse, dessine à nouveau un portrait engagé et féministe avec Bonnard, Pierre et Marthe, inspiré de la vie du célèbre couple de peintres.

Après être passé au Festival de Cannes et au Festival d’Angoulême, Bonnard, Pierre et Marthe débarque dans les salles obscures. Revenant sur l’histoire d’amour tumultueuse du couple d’artistes, Martin Provost met en lumière aussi bien Pierre, que sa femme, Marthe. Interprétés par un Vincent Macaigne à qui les rôles de peintres vont à merveille (Un coup de maître) et une Cécile de France incarnant la solitude avec douceur, Bonnard, Pierre et Marthe s’avère être tantôt doux, tantôt dur, mêlant les plaisirs de l’amour à ses propres vices.

« Le peintre français Pierre Bonnard ne serait pas le peintre que tout le monde connaît sans l’énigmatique Marthe. En effet, celui que son pays natal surnommait le « peintre du bonheur » a fait le portrait de son épouse, une aristocrate autoproclamée, dans plus d’un tiers de ses tableaux. Consacré à l’impressionnisme et à l’abstraction, Bonnard fonde en 1888 le groupe des Nabis avec d’autres artistes. Plus tard, Marthe sombre dans la folie.« 

Marthe et Renée à la campagne
© Memento Distribution

Portrait d’un couple

L’histoire d’amour d’un peintre et de sa muse, c’est sur ce canevas ordinaire que débute Bonnard, Pierre et Marthe. Une douce et forte histoire d’amour va se nouer entre Pierre et Marthe, pourtant si différents, ne manquant d’épicer leur couple par quelques grands coups d’éclats. Entre amour, drame, infidélité, rupture… ce biopic reste empreint de tendresse, d’amour, d’art et de poésie.

Martin Provost dresse aussi bien le portrait de Pierre, dénommé « le peintre du bonheur », que celui de Marthe. Pierre est volage malgré son amour pour sa femme et sa peinture. Marthe est tendre, douce et parfois d’une jalousie désespérée en rapport avec les actes de Pierre, parfois cruels. A travers Cécile de France, Martin Provost capte sur son visage chaque trait de douceur, de tendresse, d’amour et de bienveillance. Il arrive également à capturer son sentiment de solitude, faisant naître chez elle un talent véritable pour la peinture.

Martin Provost rend aussi bien les deux personnages attachants, subissant les aléas de la vie, de l’infidélité, du renouveau. On ressent simplement leur amour profond et sincère, leur inséparabilité et leur nécessité l’un de l’autre. Cécile de France comme Vincent Macaigne ont une alchimie presque naturelle, dans des décors aux couleurs de l’impressionnisme et du nabi.

Flou artistique

L’esthétique choisie par Martin Provost étonne parfois. A Rome ou Paris, les paysages sont parfois, sans fard, lourdement numériques. Serait-ce volontaire, pour abandonner momentanément le réalisme, et glisser ces « peintures modernes » en décors ? En tout cas, ceci ne sort pas le spectateur du film et de son ambiance de folie douce.

Les plus beaux moments sont ceux à la campagne, que ce soit dans leur phase de trio amoureux avec Stacy Martin, ou bien les repas avec Claude Monet. Ou simplement, l’infusion de l’imagination mise en tableau. La musique vient rendre Bonnard, Pierre et Marthe encore plus tendre qu’il ne l’est déjà.

Pierre Bonnard qui peint
© Memento Distribution

Un réel moment de beauté, d’art simplement entremêlé avec la vie et ses aléas : Bonnard, Pierre et Marthe vient confirmer que les rôles de peintre vont excellemment bien à Vincent Macaigne mais surtout, que ce biopic sur ces deux artistes est universel, et que malgré les époques, les complexités de l’amour sont toujours similaires.

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