Birds of Prey devait faire décoller la carrière de Margot Robbie dans le DCEU. C’est raté, malgré le talent de la comédienne.
Dans Birds of Prey, Harley Quinn (Margot Robbie) se retrouve larguée par le Joker et livrée à elle-même, la vie de femme émancipée s’ouvre alors à la célèbre criminelle. Mais quand un diamant appartenant au puissant et richissime Roman Sionnis (Ewan McGregor) est volé, les ennuis lui tombent dessus et son histoire se retrouve mêlée à celle d’une employée de Sionnis et à une mystérieuse assassine.
Huitième long-métrage de l’univers Worlds of DC, Birds of Prey (and the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn) s’affirme déjà comme le vilain petit canard (ou oiseau) rebelle de sa firme, enfant ingrat, survolté et féministe de Suicide Squad (2016, David Ayer). Cette fois, c’est aux femmes de mener la danse.
Un scénario qui vole bas
Nous voilà en 2020. Une nouvelle décennie débute et DC nous apporte son tout dernier produit. Mais est-t-il aussi ineffable comme certains de ses prédécesseurs ; et surtout aussi catastrophique que tout son marketing laissait présager ? De toute évidence, Birds of Prey suscite autant l’attention des fans de Harley Quinn que le dégoût des misogynes, effrayés par l’importance donnée aux femmes dans le cinéma hollywoodien actuel et les répercussions du mouvement #MeToo. Mais Cathy Yan, réalisatrice du film, a de quoi prouver sa valeur en créant pour son deuxième long-métrage et premier blockbuster un divertissement honnête et exalté tout en défendant avec poigne la cause féministe.
La démarche de l’œuvre est donc honorable, mais cette dernière en ressortirait de plus belle si elle n’était pas gâchée par son scénario inutilement alambiqué et entaché de clichés, ses dialogues parfois maladroits et ses personnages irritants. Même si Birds of Prey s’assume pleinement dans son côté pop, survitaminé et volontairement exagéré, on ne peut se résoudre à n’y voir qu’un délire adolescent vite fatiguant et doté d’un énième air décomplexé hérité de Deadpool (2016, Tim Miller), défini par une voix off fréquente, des regards caméra, des ralentis stylisés ou encore des dessins provocateurs et amusants…
Margot Robbie impeccable
Il faut alors chercher plus loin pour voir dans ce film un semblant d’intérêt. Ce dernier n’est pas avare en chorégraphies déjantées (orchestrées par Jonathan Eusebio, qui a travaillé sur celles de John Wick) et possède une production design parfois réussie, mais c’est dans ce qu’il représente qu’il trouve un sens à son existence, affirmé dans son propre titre.
L’« émancipation » est le mot d’ordre. Après le Joker sans Batman dans le film éponyme de Todd Phillips, voici Harley Quinn sans le Joker. Deux partis pris différents pour des idées socio-politiques différentes. Ici, l’ambition est intéressante sur le papier, le personnage fièrement incarné par Margot Robbie étant la représentation “parfaite” de la femme-objet, même si l’application n’est pas toujours réussie, notamment à cause du manque de sérieux général.
Tout le monde a droit à son Joker (non)
Evidemment, l’éviction de Jared Leto suite à son impopularité en tant que Joker est évidente pour deviner la raison de son absence au sein du métrage (en plus du gros chèque qu’il impose), mais cela participe alors à la vision de l’oeuvre ne voulant pas des femmes comme associées ou soumises à des hommes, mais libres et prêtes à s’allier.
Le message ne va pas forcément plus loin que des coups de pieds dans les testicules ou des représentations masculines peu glorieuses (tous les hommes du film sont des connards finis, au moins c’est clair et efficace), mais parfois il faut bien un peu de fermeté, aussi peu subtile soit-elle, pour faire passer ses idées. Car le cinéma hollywoodien, lui, peut en ressortir grandi.
Birds of Prey, malgré ses quelques recherches esthétiques et moments cathartiques, n’est donc pas des plus intéressants sur le plan formel. Mais c’est en creusant un peu sa couche superficielle que l’on peut alors y trouver un certain intérêt. Éminemment trop porté sur un public adolescent et formaté par les studios, il ne peut malheureusement pas dépasser ses limites inhérentes également imposées par son personnage principal entraînant un aspect décalé permanent. Pendant ce temps, Marvel Studios regardent malicieusement leur rival de toujours et annoncent déjà dix films sur leur planning. Contre son impitoyable chasseur, l’oiseau de proie qu’est DC doit encore durement s’entraîner pour pouvoir prouver au monde qu’il peut voler plus haut.