Plans cadrés au millimètre, humour grinçant et décors cartoonesques… Avec Asteroid City, Wes Anderson prouve une nouvelle fois que rien ne lui échappe. Un contraste saisissant avec la quête existentialiste de ses personnages.
« Lors d’un week-end de septembre 1955, la ville d’Asteroid City accueille cinq enfants aux capacités hors du commun, décorés pour leurs inventions scientifiques. Mais un événement extraordinaire va venir interrompre les festivités. »
Deux récits en un
Après The French Dispatch et sa réalisation sous forme de recueil d’histoires, Wes Anderson nous offre un mode de narration tout aussi particulier. Pour son onzième long-métrage, le metteur en scène américain a fait le choix de raconter son film à travers les coulisses d’une pièce de théâtre.
On assiste à une véritable pièce dans la pièce qui immerge autant le spectateur dans Broadway que dans le grand Ouest américain. D’un côté, on suit les comédiens interprétant l’histoire, représentées à l’écran en noir et blanc et au format 1:33. Ce choix s’oppose au cœur de l’intrigue, où les couleurs y sont chatoyantes et le format, large. Un contraste ingénieux qui permet de mieux se repérer tout au long du récit.
La même chose mais différente
Les couleurs et les décors frappent dès les premières minutes. A tel point qu’on se demande si on se trouve devant un film d’animation en stop-motion, un genre dans lequel Wes Anderson s’était déjà illustré (Fantastic Mister Fox, L’île aux chiens). Mais il s’agit bel et bien d’un long-métrage en live action à l’effet papier mâché délicieux.
On reconnaît immédiatement l’esthétique colorée et papier-mâchée propre au réalisateur. Avec Asteroid City, Wes Anderson impressionne une nouvelle fois par sa précision, son obsession pour les plans symétriques et son sens du détail.
Comme souvent, les personnages de Wes Anderson sont traversés par une sorte de mélancolie. C’est notamment le cas d’Augie Steebeck (Jason Schwartzman), photographe de guerre, qui peine à annoncer la mort de sa femme à ses quatre enfants mère et doit se préparer à son nouveau statut de veuf.
Des personnages en quête de sens
A l’image de Moonrise Kingdom, Wes Anderson met une nouvelle fois une bande d’adolescents au cœur du récit. On suit ici cinq cadets de l’espace en lice pour remporter la bourse du concours scientifique des Jeunes Astronomes et Cadets de l’espace. Entre amour naissant, entraide et réconciliation… Wes Anderson n’oublie pas l’évolution de ses personnages et l’émotion propre à chacun de leur parcours.
Car dans un film où le casting est aussi dense, on pourrait craindre que chacun se rentre dedans sans jamais se rencontrer véritablement. Mais le réalisateur de La famille Tenenbaum survole cet écueil et dépeint des relations fortes. On pense notamment à celle entre Augie Steinbeck et l’actrice Midge Campbell, interprétée sensiblement par Scarlett Johannson. Comme deux âmes de passage dans la vie l’une de l’autre, chacun s’interroge sur son sens et comment surmonter les difficultés.
Ainsi, Asteroid City séduit autant sur le fond que sur la forme, avec cette touche cosmique qui fait toute l’originalité de cette nouvelle œuvre.