Luc Besson signe son retour au thriller avec Anna, un film fort d’un montage audacieux à l’image des matriochkas. Plus qu’un simple thriller, Besson met en scène une partie d’échecs grandeur nature qui en laissera plus d’un sur le carreau.
Après le très justement décrié Valérian, Luc Besson tente son retour derrière la caméra avec Anna, un thriller presque politique qui, à l’instar de Nikita ou de Lucy, met à l’honneur une femme dotée d’une remarquable habileté pour le combat ainsi qu’un esprit des plus aiguisés.
Engagée par le KGB alors qu’elle vivait en proie à une existence des plus chaotiques, faite de drogues et de violences, Anna (Sasha Luss) est une femme ayant réussi à s’imposer comme l’un des meilleurs éléments de l’agence russe. Constamment grimée de perruques pour mener à bien ses missions sans compromettre son identité, Anna semble de plus en plus oublier sa propre personnalité au sein de cette multitude d’alter-ego.
Dans un scénario volontairement imaginé sur le modèle d’une matriochka, ces fameuses poupées russes faites de plusieurs poupées emboîtées, Anna représente une véritable quête d’identité et de liberté.
Causes et conséquences
Ayant longtemps été dépendante des caprices d’un homme, Anna représente cette femme mettant ses atouts, aussi bien physiques qu’intellectuels, au service de sa liberté. Quand elle n’est pas sous l’emprise d’un petit-ami violent, elle est menacée de mort par Vassiliev, le chef du KGB. Quand elle est sur le point d’enfin obtenir sa liberté, c’est à un homme qu’elle la doit, Alex Tchenkov (Luke Evans) qui lui permettra de quitter son morne quotidien, ou encore à l’agent Lenny Miller (Cillian Murphy), qui lui demandera une dernière mission avant de se retirer.
Ainsi, à première vue, le destin d’Anna semble directement relié aux décisions de ces hommes. Mais là où le film surprend, c’est par son montage audacieux à la façon d’une matriochka. Luc Besson use ici de nombreux retours en arrière pour servir son intrigue et structurer le film. Ainsi, chaque scène est finalement influencée par une décision prise des mois auparavant, où l’on découvre qu’Anna place en réalité ses pions en vue de gagner la partie. Luc Besson ne cesse donc de faire naviguer le spectateur entre différentes périodes quitte à le perdre, voire l’agacer, car le procédé est utilisé jusqu’à l’overdose.
Des personnages fades
Le principal défaut du film réside dans l’incapacité à s’attacher aux personnages. Bien qu’on puisse être happés par cette mise en scène qui regorge de retournements de situation, on ne ressent guère d’empathie pour Anna. Si le film prend un certain temps à introduire son personnage, le rythme s’emballe soudainement et les raisons du recrutement d’Anna au sein du KGB semblent complètement obscures, en résulte une certaine incompréhension.
Les personnages masculins sont érigés au rang de pions dans un jeu d’échecs grandeur nature, leur rôle est temporaire et fait qu’on ne s’y attache guère. Seule Olga (Helen Mirren), la numéro deux du KGB, tire son épingle du jeu et s’impose comme un des personnages les plus importants au sein de cette intrigue.
Avec Anna, Luc Besson signe un retour en demi-teinte. Le film peine à convaincre complètement, en dépit de son intrigue riche en rebondissements. Avec un procédé de mise en scène poussé jusque dans ces retranchements, Anna n’en reste pas moins une partie d’échecs divertissante, synonyme de liberté pour quiconque la gagnera.
Pingback: À Plein Temps d'Éric Gravel : Le marathon francilien | Critiques