Cette année, le Festival de Berlin, présidé par Todd Haynes, nous a offert le privilège de visiter une ville aux mille et unes frontières. Pour sa première expédition à cette Berlinale 2025, CinéVerse vous propose un résumé de ses meilleures découvertes.
À travers mes années au sein de CinéVerse, et mon appétit cinéphilique grandissant, le logo de la Berlinale m’est devenu gage de qualité. Très souvent synonyme d’engagement, de féminisme, de naturalisme, il met en relief des œuvres sensibles et aux productions fragiles. C’est alors logiquement que j’ai eu la curiosité de franchir les portes de ses salles spectaculaires, afin de vivre cela le plus intensément. Voici les découvertes de la Berlinale 2025 que je voulais vous partager.
1. Heldin de Petra Biondina Volpe
Synopsis : Floria, infirmière, travaille avec une grande dévotion et un grand professionnalisme dans le service de chirurgie d’un hôpital suisse. Elle ne fait jamais de faux pas, elle est toujours à l’écoute de ses patients, même dans les situations les plus stressantes, et elle est immédiatement disponible en cas d’urgence – ou du moins, c’est la version idéale des événements. Mais dans la dure réalité quotidienne d’un service souvent imprévisible, les choses peuvent parfois être bien différentes.

Elles font le cœur de plusieurs œuvres marquantes ces dernières années (Sages Femmes / Madame Hofmann) : les conditions de travail du personnel hospitalier sont un sujet d’inquiétude croissant des cinéastes. S’il semble primordial d’aborder cette urgence en France, cela s’étend bien au-delà de notre pays.
Heldin se fait porte paroles des infirmières et nous emprisonne dans un tourbillon émotionnel, là où la colère et la tristesse ne parviennent pas à trouver leur place dans ce rythme effréné. Et pour cela, quel merveilleux choix que de mettre en scène l’impassible Leonie Benesch, déjà prodigieuse dans La Salle des Profs. Ceci, au point de ne plus parvenir à lâcher notre regard de ses gestes et reprendre notre souffle.
2. If you are afraid put your heart into your mouth and smile de Marie Luise Lehner
Synopsis : Anna, 12 ans, et sa mère sourde commencent à se sentir à l’étroit dans leur appartement. Ce n’est pas seulement le manque d’intimité qui crée des tensions – Anna vient de commencer le collège et se rend vite compte de ce qui compte maintenant : les marques et un sentiment d’appartenance.

En festival, nous avons déjà pris l’habitude de découvrir des coming of age. La déception peut alors naturellement naître, mais nous continuons de nous risquer à la découverte. Avec son curieux titre à rallonge, « If you are afraid… » a été un réel coup de cœur.
Premier long métrage de Marie Luise Lehner, il annonce déjà une carrière à suivre. La réalisatrice parvient avec engagement et justesse à offrir une galerie de personnages variés et souvent sous représentés (pauvreté, surdité, monoparentalité,…). L’écoute les lie les uns aux autres dans des relations saines, sans paraître préfabriquées. Souvent comique, parfois tendre, mais avant tout attentif, le film invite à la communion.
3. Drømmer (Dreams) de Dag Johan Haugerud
Synopsis : À 17 ans, Johanne tombe éperdument amoureuse de son enseignante. Pour tenter de capturer ce premier coup de foudre, elle couche ses expériences sur le papier avec une honnêteté brute. Lorsque sa mère et sa grand-mère découvrent ses écrits, leur choc initial face à ces descriptions intimes fait place à l’admiration pour leur valeur littéraire.

Si vous avez aimé Julie en 12 chapitres, il est très probable que Drømmer (Dreams à l’international) vous plaise à son tour. Avec Joachim Trier primé à Cannes et désormais Dag Johan Haugerud à la Berlinale, les fresques féminines semblent plaire aux jurys cinéphiles ! Il nous tarde maintenant de découvrir la dénommée « Trilogie d’Oslo » de Dag Johan Haugerud, avec l’Ours d’Or Dreams mais aussi les films Sex et Love, tous trois prévus pour sortir le 2 juillet 2025.
Porté par un réalisme qui réveille nos sentiments les plus enfouis, le film n’oublie pas de contrebalancer ses fantasmes amoureux avec des moments de comédie. Notre perception de son récit évolue à travers le mélange des voix internes du personnage, mêlé au brouhaha constant qui l’entoure. Les comédies romantiques adolescentes en ont encore sous le coude.
4. A natureza das coisas invisíveis de Rafaela Camelo
Synopsis : C’est les vacances d’été et Gloria, dix ans, accompagne sa mère Antônia, infirmière, à son travail à l’hôpital. Gloria connaît déjà bien l’endroit et l’explore souvent seule. Un jour, elle rencontre Sofia, également âgée de dix ans, qui est là à cause de sa grand-mère. Sofia et sa mère Simone sont en désaccord sur ce qu’il faut faire ensuite pour sa grand mère. Simone insiste pour qu’elle reste à l’hôpital pour l’instant. Sofia, quant à elle, désire la ramener à la maison familiale à la campagne.

Un.e cinéaste ne peut espérer lieu plus propice pour la naissance de sa carrière que les festivals de cinéma. Parmi les trois plus prestigieux du monde, celui de la Berlinale a pour habitude d’offrir de sublimes œuvres venues d’Amérique Latine.
Accueilli comme un écho à 20 000 espèces d’abeilles, ce premier film brésilien de Rafaela Camelo fait quant à lui rayonner avec gaieté nos souvenirs d’enfance. La simplicité de sa mise en scène, sans la trace d’une superficialité, trouve l’accès direct vers nos cœurs. Des questionnements, pourtant existentiels mais invisibles, parviennent à se fondre avec délicatesse dans un chemin où curiosité et amour infini sont les maîtres mots.
5. Lurker de Alex Russell
Synopsis : Matthew parvient à s’infiltrer dans le cercle intime d’une star montante de la pop, Oliver, et se réjouit de son nouveau statut de membre indispensable de l’entourage. Mais lorsqu’il se rend compte à quel point il est facile à remplacer – ou pire, qu’il n’est pas aussi important qu’il le croyait – il est prêt à tout pour rester pertinent aux yeux d’Oliver et de son équipe.

Après avoir joué une diva envoûtante (Solo) ou le compagnon de Karl Lagerfeld, Théodore Pellerin redevient un adulateur rêveur à la Berlinale. Le comédien québecois est déjà l’un de nos nouveaux chouchous. Il délivre ici une performance épatante, tout en gardant une certaine grâce.
Lurker se range parfaitement dans la tendance d’œuvres sur les dérives des obsessions, tel que Saltburn ou Don’t Worry Darling. De tout son long, nos nerfs sont tendus face à l’instabilité de nos certitudes. Il ne semble lui manquer qu’un poil de risque, telle que la scène de corps à corps qui arrive tardivement, pour en faire un grand film. Alex Russell est donc un nom à retenir.