Impossible de parler de J-Horror sans évoquer Ring. Adaptation du roman éponyme de Koji Suzuki, le film de Hideo Nakata a rencontré un énorme succès à sa sortie en 1998. La justesse de son scénario et la sobriété de sa réalisation ont marqué d’une pierre blanche l’histoire des films d’épouvante. Vingt ans plus tard, le fantôme de Sadako continue de hanter l’imaginaire collectif.
Lors d’une soirée entre adolescentes, Masami et Tomoko, discutent d’une mystérieuse cassette vidéo qui aurait le pouvoir de tuer une semaine après ceux qui l’ont visionnée. Tomoko finit par confier à son amie qu’elle a vu la cassette une semaine plus tôt et meurt dans d’étranges circonstances. La journaliste Reiko Asakawa (Nanako Matsushima) décide d’enquêter sur l’affaire. Aidée par son ex-mari (Hiroyuki Sanada), elle va tenter de découvrir la vérité sur cette malédiction, mais va très vite devenir la cible du fantôme Sadako.
Soyez sympas, rembobinez pas
La grande force du film, c’est de renouveler le genre du yûrei eiga (film de fantômes nippon des années 50/60) tout en l’adaptant aux éléments modernes. Ainsi, la malédiction se transmet par quelque chose d’aussi simple et concret qu’une cassette vidéo et le fantôme de Sadako hante les personnages à travers des objets technologiques tels que le magnétoscope, la télévision ou le téléphone. L’horreur, présente dans l’environnement quotidien, accentue le sentiment d’échappatoire impossible.
Evitant le gore et la surenchère d’effets spéciaux, Nakata distille l’angoisse insidieusement dans le long-métrage. Sobrement, il s’amuse avec la perception du spectateur pour créer une véritable tension tout au long du film, exploitant au passage quelques idées visuelles et sonores vraiment dérangeantes. La fameuse vidéo elle-même n’a l’air de rien, et pourtant sa succession d’images déstabilisantes finit par effrayer. Ici, le reflet d’une femme qui coiffe ses longs cheveux, un œil en gros plan, ou un puits en plan fixe suscite la peur et évoque la menace omniprésente.
Sadako crève l’écran
Dans une décennie principalement dominée par les suites de slashers, Ring se démarque par sa tonalité sérieuse et son drame familial nappé d’éléments surnaturels. Le scénario est horrifique, mais il y a aussi un aspect dramatique dans l’histoire de ce couple déchiré qui doit s’unir à nouveau pour protéger son enfant, entraînant au passage le spectateur dans une course contre la montre oppressante.
Hideo Nakata utilise l’horreur psychologique et plonge le spectateur dans les méandres de l’esprit tourmenté de Sadako. Le fantôme de la jeune femme symbolise nos peurs les plus profondes et révèle, à travers son désir de vengeance, la déviance humaine qui pousse à mentir pour cacher un acte impardonnable. À travers les différentes suites et adaptions de l’univers Ring, Sadako est rapidement devenu l’un des personnages les plus terrifiants et emblématiques du genre.
Aujourd’hui considéré comme une œuvre majeure , Ring est un bel exemple de ce que le cinéma d’horreur japonais moderne peut offrir de plus efficace. Le film revient hanter les salles françaises dès le 13 avril dans une version restaurée 4K qui devrait faire frissonner les amateurs.