Wicked de Jon Chu : The Arianator Horror Picture Show

Le blockbuster américain de la fin d’année débarque en salle avec Wicked. Avec le cinéaste Jon Chu aux manettes, Universal s’attaque à enrichir le cultissime monde d’Oz dans un surprenant retour… à l’école. Prequel donc, le film sort en salle le 4 décembre pour cette première partie de ce qui s’annonce vraisemblablement comme un diptyque.

Loin d’être la première tentative d’enrichir et de capitaliser sur le succès (principalement nord-américain) de l’univers du Magicien d’Oz, Wicked arrive dans une étonnante atmosphère. Des semaines avant la sortie de la comédie musicale, les réseaux sociaux s’emballent et les fans (d’Ariana Grande en majorité, ne soyons pas aveugle) sont particulièrement réceptifs au jeu de la promotion. Une chance pour Universal. Ceci étant dit, qu’en est-il vraiment ?

« Wicked suit le parcours des sorcières légendaires du monde d’Oz. Elphaba, une jeune femme incomprise à cause de la couleur inhabituelle de sa peau verte ne soupçonne même pas l’étendue de ses pouvoirs. À ses côtés, Glinda qui, aussi populaire que privilégiée, ne connaît pas encore la vraie nature de son cœur. Leur rencontre à l’Université de Shiz, dans le fantastique monde d’Oz, marque le début d’une amitié improbable mais profonde. »

© Universal Studios

Durée XXL avec sauce formatage svp

2h40. Toujours trop certaines d’elles, les grosses sorties de l’Oncle Sam ont donc décidé de faire des 150 minutes une valeur minimum à ne plus remettre en cause. Un problème se pose : que faire de tout ce temps quand on n’a pas autant de matière dans notre scénario ?

Wicked, parmi tant d’autres films, se retrouve ainsi panser de longues séquences sans progression du récit. Quiproquo, regards longs de gêne et chansons descriptives (ce qui fonctionne sur une scène ne marche pas toujours au cinéma), tout y passe pour gagner de précieuses minutes entre deux points du scénario. Si durant la première heure du film on s’amuse de ces étranges respirations – ou quintes de toux – il est vrai qu’à l’approche de la troisième heure les nerfs fatiguent et les fessiers tirent.

En parlant des nerfs, je pensais bien entendu aux nerfs optiques. « Encore heureux qu’ils utilisent des effets spéciaux dans un film fantastique » dirait l’un et il aurait raison. Toutefois, peut-on un jour s’accorder pour dire qu’un étalonnage criard, des arrière-plans sans relief et des décors inexistants (à l’exception de l’objet au premier plan) auront toujours l’air un peu ridicules ? Et peu importe le budget alloué.

Mais soyons honnête, aucun de ces points n’est une réelle surprise ou une réelle découverte. Wicked s’inscrit dans une forme de cinéma de grand divertissement, à gros budget et à gros public. Il cherche à viser large, et comment y arriver si ce n’est en proposant le même tirage d’une œuvre que le spectateur occasionnel demande et redemande chaque année, à la même période.

Mais pourquoi ça marche ?

Non pas que je sois totalement rabat-joie, mais je me suis surpris à profiter du divertissement qui s’offrait à moi. Avec quelques séquences musicales entraînantes, des piques d’humour assez bienvenues et une comédienne principale (Cynthia Erivo) particulièrement convaincante, Wicked fait les choses sans créativité, mais le fait bien. Oui le film est long, oui le film tire son matériel pour tenir la durée standard, mais le récit avance toujours dans une direction définie. Ce dernier point peut paraître stupide, mais il n’est plus une évidence dans les grosses productions américaines, marvelleries et j’en passe.

Et ce n’est pas pour la gourde de 2L (qui boit autant ?) en plastique distribuée au journaliste que le film réussit son surprenant coup. Toujours consensuel dans ses propos, Wicked a le mérite d’aborder frontalement des sujets qu’il laisse aux jeunes sur le réseaux sociaux le plaisir d’en discuter post-séance. À la volée on peut citer la conscience animale, l’empathie, ou encore l’effet de groupe et le harcèlement.

Et c’est ici la plus grande force du projet, au moins de sa communication. Annoncé et promu de manière agressive, Wicked vit sur Internet sans intervention supplémentaire d’Universal. TikTok et les « arianators » (oui oui) se chargent de le porter. Et peut-être simplement que ce film est tout simplement pour eux

© Universal Studios

Dans la famille des comédies de Broadway au cinéma, je demande Wicked. Écrasant sans effort le souvenir de Cats mais n’apportant pas la moitié du cinéma d’un West Side Story, le film peut néanmoins devenir la comédie musicale d’une génération.

 

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