Naturellement doué avec les mots, Adam est un adolescent baladé de famille d’accueil en famille d’accueil qui révèle son talent dans le milieu du Rap Battle en Angleterre. Dans VS. Il fait tout pour concilier au mieux sa nouvelle passion, ses relations et son passé chaotique.
Depuis sa première diffusion, le premier long-métrage VS. d’Ed Lilly a remporté le meilleur scénario au Festival du Film Britannique de Dinard. Il sort enfin en VOD et en achat digital en France. Un bonheur puisqu’il mélange le film social à la violente musicalité des mots.
8 Mile look alike
Lorsque l’on parle de Rap Battle, on ne pense pas à tant de films que ça. Il y a surtout un nom qui nous vient en tête : celui d’Eminem. Oscarisé pour sa chanson dans 8 Mile, et Bodied qui est sorti en 2018 sur Amazon Prime Video, également ayant Eminem à son bord à la production. Si le film Bodied avait un impact plus fort par rapport à son parti pris décalé, VS. s’attèle surtout à une représentation extrêmement réaliste à tous niveaux (que ce soit au niveau du récit, de l’image et du monde qu’il dépeint).
Un parti pris qui fonctionne et qui fait ses preuves. Le spectateur fait face à un film fluide, et qui se permet de jouer sur plusieurs tableaux. Tout comme dans 8 Mile, il dépeint plutôt bien le milieu social dans lequel il plonge son personnage, mélangeant la solitude de celui-ci avec son parcours familial. Ravagé par l’abandon de sa mère à son jeune âge, Adam n’en demeure pas moins un personnage attachant et auquel on croit malgré les erreurs qu’il peut commettre. VS. reste assez discret par rapport à sa vie passée et son passif dans les familles d’accueils.
La foire à la punchline
C’est justement à ce niveau-là qu’il excelle, le partage entre son passé (avec sa mère qu’il retrouve après plus de 10 ans), son présent (partagé entre ses nouvelles relations et la découverte de sa passion pour le rap) et le futur qui reste toujours incertain du début à la fin (puisqu’il est soumis à un protocole lié aux services sociaux). En plus de rendre un bel hommage à cet art du Rap Battle, Ed Lilly montre qu’il est possible de donner autant d’importance à la musique et au plaisir qu’on éprouve en les voyant débiter des punchlines, ainsi qu’à l’évolution émotionnelle d’un adolescent qui ne cesse de faire de son mieux.
La comparaison avec 8 Mile est obligée, mais elle reste un simple hommage et le film existe pour ce qu’il est : une oeuvre simple, jouissive et touchante. La fin du film est abrupte, on aurait aimé voir plus d’instants entre Adam et sa mère, en savoir plus sur son futur qui l’attend, mais le film préfère s’arrêter là.
Connor Swindells et Fola Evans-Akingbola portent le film VS., du récit social à l’engouement des mots, il parvient à séduire le spectateur pour sa polyvalence et son hommage calibré au film 8 Mile et aux Rap Battle.