Underwater réunit Kristen Stewart et Vincent Cassel, 20 000 lieues sous les mers…
Underwater : Dans la station de forage Kepler de la compagnie pétrolière Tian Industries, 10km au fond de l’océan, l’équipe de scientifiques dirigée par le Capitaine Lucien (Vincent Cassel) et l’ingénieur Norah Price (Kristen Stewart), extrait toujours plus profondément l’hydrocarbure du cœur de la terre. Plot twist : ça tourne mal. Un tremblement de terre mystérieux fait exploser leur plateforme sous-marine, laissant leur équipe de six survivants en fâcheuse posture.
Immédiatement, parlons de la baleine au milieu de la pièce et tuons tout suspense : oui, Underwater s’inspire de Alien de Ridley Scott et de Abyss de James Cameron. Et pas seulement. Il s’inspire également de Sphère, de l’Aventure du Poséidon, de Outland, de Pacific Rim, de Cloverfield, de Armageddon… Le réalisateur William Eubank connait visiblement tous ces classiques, et plonge Stewart et Cassel dans un survival océanique qui, malheureusement, ne nous épargne pas vingt mille lieux communs sous les mers.
Une réalisation liquide
La réalisation de Eubank peine à trouver son style, entre un film catastrophe punchy et des monstres de sci-fi un peu ridicules, entre ce ton au premier degré et ses comic reliefs sabotant l’ambiance (satané TJ Miller), entre ses scènes d’action efficaces et sa quinzaine de jump scares de fête foraine, entre ses huis clos intérieurs inquiétants et des séquences aquatiques souvent laides et brouillonnes, entre une ambiance sonore réussie et un score de Beltrami bien trop discret, entre un message écolo vite expédié et une résolution du conflit par les armes.
Dommageable, alors que Bojan Bazelli, solide directeur de la photo de Abel Ferrara et de Gore Verbinski, et ayant récemment shooté le déjanté Six Underground de Michael Bay, sait orchestrer des plans pêchus et inspirés, qui font régulièrement leur petit effet. Dommageable toujours, car Kristen Stewart et Vincent Cassel font bien le job dans cet océan de clichés, et sauvent quasiment le film d’un scénario manquant de profondeur.
Kristen en mode Sigourney
Avec sa fidèle fanbase de jeunes – et moins jeunes – spectatrices et spectateurs, et sa filmographie alternant grosses productions et films d’auteurs à récompenses, Kristen Stewart est désormais une actrice bankable, dont le seul nom sur l’affiche suffit à monter cette super production de science-fiction à 80 millions de dollars. C’est probablement grâce à sa seule présence que cet Underwater, filmé en 2017 avant le rachat de la Fox par Disney, puis repoussé sur nos écrans en 2020 – une éternité plus tard à l’échelle de l’industrie cinématographique – n’a pas été purement annulé par les nouveaux proprios du Monde de Némo, ou écoulé discrètement sur les canaux de la VOD. La résurrection du film est la sienne.
La filiation spirituelle de Kristen avec Sigourney Weaver de la saga Alien est encore une fois évidente, jusque dans le port du slip par Ripley et Norah. Certes, cette dernière arbore une courte coloration l’Oreal blonde alors que Ripley portait sa flamboyante choucroute châtain au naturel, mais hormis ces digressions capillaires, Stewart est bluffante dans ce rôle d’héroïne badass, radicalement à contre-emploi du reste de sa filmographie.
Vincent Cassel, un moment d’égarement ?
Il est peu dire que la présence de Vincent Cassel dans ce blockbuster bas du front est pour le moins surprenante. « J’ai tellement rien à foutre là : ça me fait plaisir d’y aller » déclara-t-il goguenard en conférence de presse, à propos de sa présence au casting.
La blague n’en est pas une. De manière surprenante, le voici crédible en grand playboy des fonds marins, genre qui fait rêver les ménagères. Pour cela, reconnaissons aussi qu’il est davantage aidé par un chara-design réussi et des combinaisons de plongées dignes de Halo, plutôt que par un rôle globalement mal écrit.
Underwater pourrait en somme faire office de sympathique série B, s’il n’avait pas couté une fortune. Déjà trop cher et sorti avec une publicité minimale pour stopper les frais, dans la fenêtre défavorable des lendemains de fêtes, il risque bien de faire un flop au box-office. Ses qualités en font pourtant un spectacle plaisant, aucunement révolutionnaire mais délivrant sa dose de frissons, maintenu à flot par un solide duo Stewart-Cassel.