Pour la deuxième année consécutive, CinéVerse était à Cannes pour découvrir les films qui rythmeront les sorties de 2025-2026. Entre déchirures familiales et voyages oniriques, ce Festival de Cannes 2025 a été marqué par des thématiques aussi politiques que personnelles.
Du 13 au 24 mai s’est tenu l’événement de cinéma le plus médiatisé au monde. Avec plus d’une centaine de films diffusés, il est toujours difficile de savoir lesquels ne pas manquer au cinéma. Heureusement, après avoir vu plus de 30 films, nous vous partageons ceux qui nous ont le plus marqués durant notre séjour cannois. Place à nos cinq coups de cœur du Festival de Cannes 2025.
1 – Resurrection de Bi Gan (en compétition)
Synopsis : « Dans un monde où les humains ne savent plus rêver, un être pas comme les autres perd pied et n’arrive plus à distinguer l’illusion de la réalité. Seule une femme voit clair en lui. Elle parvient à pénétrer ses rêves, en quête de la vérité…«

Dans la droite lignée d’Un grand voyage vers la nuit, Resurrection de Bi Gan rend hommage à l’histoire du cinéma. À travers ses figures mythologiques et l’engagement des sens qu’exige la compréhension d’un film, le réalisateur signe de nombreuses prouesses techniques qui font de Resurrection un véritable voyage sensoriel. Entre plans-séquences et jeux de reflets dans les miroirs, Bi Gan s’amuse à illustrer les rêves d’un cinéphile. Il convoque, détourne et emprunte des images à David Lynch ou encore Tsai Ming-liang.
Si Resurrection doit se contenter d’un Prix spécial du jury, il n’en reste pas moins l’un des films les plus marquants du Festival de Cannes, tant il impressionne par ses propositions et ses choix techniques et narratifs. Certains plans, certaines ambiances hantent le spectateur et s’impriment durablement sur la rétine, bien décidés à ne plus le quitter. Bi Gan parvient à capturer avec justesse ce à quoi ressemble le rêve (et le cauchemar) d’un véritable amoureux du cinéma.
2 – Sentimental Value de Joachim Trier (en compétition)
Synopsis : « Agnès et Nora voient leur père débarquer après de longues années d’absence. Réalisateur de renom, il propose à Nora, comédienne de théâtre, de jouer dans son prochain film, mais celle-ci refuse avec défiance. Il propose alors le rôle à une jeune star hollywoodienne, ravivant des souvenirs de famille douloureux.«

Suite spirituelle de Julie en 12 chapitres, Sentimental Value nous enseigne la patience et le pardon. Joachim Trier continue de démontrer sa maîtrise d’écriture et affirme à nouveau son talent pour faire des lieux de véritables personnages. La maison familiale, au cœur du film, fascine : elle incarne avec justesse la fracture entre un père et ses deux filles. Et malgré des thématiques douloureuses, Sentimental Value n’hésite jamais à introduire des instants de tendresse et de légèreté.
Lors de la conférence de presse de l’équipe du film, Joachim Trier affirmait avec conviction : « Tenderness is the new punk. ». Son film illustre parfaitement cette déclaration, et va même plus loin dans sa quête de rapprochement avec les autres. Sentimental Value est un film à ne pas manquer en salle le 20 août prochain.
3 – Magellan de Lav Diaz (Cannes Première)
Synopsis : « Magellan est un capitaine révolté contre le pouvoir du Roi, parce qu’il est un humaniste et croit en la justice. Mais, quand il obtient finalement le commandement de la flotte des épices, avec laquelle il va faire la première circumnavigation de la terre, que va-t-il découvrir sur lui-même ?«

Lav Diaz ne se contente pas de raconter l’histoire de Magellan. Il met en scène, à travers des plans fixes, toute l’horreur qui accompagne chacun des pas du navigateur.
Chaque image est une composition, à la frontière de la peinture, débordant de puissance, de couleurs et de silence. L’absence récurrente de dialogues et de musique donne au film l’impression d’être le témoin direct de chaque instant, de chaque massacre. Il nous place, nous spectateurs, face à une remise en question constante de ce que nous savons du personnage historique. Un Grand film qui aurait mérité sa place en compétition officielle du Festival de Cannes.
4 – Woman and Child de Saeed Roustaee (en compétition)
Synopsis : « Mahnaz, une infirmière de 45 ans, élève seule ses enfants. Alors qu’elle s’apprête à épouser son petit ami Hamid, son fils Aliyar est renvoyé de l’école. Lorsqu’un un accident tragique vient tout bouleverser, Mahnaz se lance dans une quête de justice pour obtenir réparation… »

Comme à son habitude, Saeed Roustaee pousse ses personnages dans leurs retranchements et raconte une histoire ancrée dans l’actualité iranienne. Voir une mère se battre pour faire justice, pour porter sa voix sans que chacun de ses actes et de ses mots ne soit déformé, était à la fois fascinant et révoltant. Woman and Child se déploie avec une précision presque chirurgicale. Le film dose la pression exercée sur le spectateur jusqu’à un final inattendu et déchirant.
Le film de Saeed Roustaee est, sans conteste, l’un des grands absents du palmarès de ce Festival de Cannes. Il confirme pourtant, une fois encore, que son réalisateur compte parmi les plus grands de sa génération.
5 – Un Simple Accident de Jafar Panahi (en compétition)
Synopsis : « Après un simple accident, les événements s’enchaînent…«

Comment parler de nos coups de cœur sans évoquer Un Simple Accident de Jafar Panahi ? À la fois Palme d’or de cette année et l’un des meilleurs films du réalisateur, l’œuvre déploie une montée en puissance constante jusqu’à un final profondément ancré dans l’expérience personnelle de Panahi, et dans le thème du pardon.
Un Simple Accident émeut, en abordant avec justesse tous les grands enjeux propres à l’Iran, sans jamais alourdir son récit. La Palme d’or du Festival de Cannes 2025 s’impose autant par sa force narrative que par sa maîtrise technique.