Après un passage remarqué à la Midnight Section de Sundance et une polémique de plagiat plus tard, Together de Michael Shanks sort dans nos salles dans le vacarme d’un bouche-à-oreille le vantant de meilleur film d’horreur de l’année.
Cet été 2025 restera dans les annales pour tous les fans de film d’horreur. Chaque semaine, le grand écran a accueilli des propositions différentes, en passant de Dangerous Animals, à Bring Her Back ou encore Évanouis. C’est maintenant au tour de Together de se proposer de faire frissonner le public avec un mélange prometteur de comédie et de body horror sur fond de dynamique conjugale. Le résultat est-il à la hauteur des espérances ?
« Tim et Millie (Dave Franco et Alison Brie) sont ensemble depuis des années quand ils décident de tout abandonner pour s’installer à la campagne.Alors que les tensions sont déjà vives, une force surnaturelle transforme leur rêve en cauchemar, menaçant leur relation, leur amour… et jusqu’à leur intégrité physique. »

D’amour et de chair fraîche
Dans un monde où la crise de la vingtaine fait rage, où le règne d’un idéal de liberté et d’autonomie pousse chacun à vivre pour lui-même et à consommer les relations sans reconnaître l’autre pour ce qu’il est, la vie de couple semble à la fois être un idéal mais également une tare. Est-on ensemble par amour ou par habitude ? Que faire lorsque le désir sexuel se délite ? Et surtout, est-on capable de quitter sa moitié ou est-on condamné à ne faire qu’un ?
Dans un prolongement qui le rapproche plus d’un Brian Yuzna (Society, 1989) que d’un David Cronenberg (Crash, 1996), Michael Shanks va s’amuser à construire dans un premier temps la relation de ce couple dysfonctionnel fraîchement marié (la scène de demande comporte en elle toutes les graines du film), avant de dépeindre de façon corrosive les conséquences de la dépendance affective et la dissolution de l’identité au sein du couple incarné par Dave Franco (artiste torturé) et Alison Brie (institutrice mal-aimée).
Les os, la chair et le sang
Comme tout bon film d’horreur qui se respecte, Together bénéfice d’une introduction qui présente la menace qui va mettre en péril nos jeunes héros. Une introduction qui lorgne vers The Thing tout en montrant le talent de Michael Shanks à créer une tension sourde et pernicieuse. Ce dernier va déployer de long en large de son métrage un travail de sound design rigoureux en travaillant sur la perception des sens de ses personnages, donnant lieu à des séquences remarquables, comme celle de la grotte dans la première demi-heure du film qui assume une esthétique lovecraftienne assez réjouissante.
Le choix du format (1.66) est dans le prolongement du processus créatif du film, permettant de garder sans cesse les personnages au centre de l’image tout en s’autorisant à utiliser des cadres peu conventionnels. Shanks va prendre un malin plaisir à torturer ses personnages de manière psychologique mais surtout physique. La mutation corporelle devient le miroir tangible du tumulte intime qui secoue le couple : les chairs se repoussent, se mêlent et s’entremêlent dans des séquences dégoûtantes, parfois teintées d’humour noir, et aux effets pratiques impressionnants.
Une fusion imparfaite
Malgré tous ces éléments, Together s’avère être une petite déception. Si le concept et la bascule progressive dans l’horreur (et la douleur) promettaient un film piquant, il n’en est rien. Le film met un peu de temps à démarrer et préfère rester sur un chemin assez balisé, n’épousant jamais vraiment le grain de folie que permet le genre.
Mais là où le bât blesse, c’est que Michael Shanks ne parvient jamais vraiment à trouver le bon équilibre entre ses différentes ruptures de ton, entre angoisse et comédie, amenuisant profondément la force horrifique du film. L’une des plus grosses déceptions et frustrations de l’auteur de ces lignes concerne l’utilisation d’une scie sabre que la bande-annonce teasait comme étant une joyeuse boucherie. Dans le résultat final, il n’en est rien.
L’usure du couple
La simplicité de l’intrigue, ses fragiles retournements de situation et le traitement du « grand méchant » ne parviennent pas non plus à redresser la barre. Si Alison Brie et Dave Franco insufflent à leurs personnages une tendresse et une fragilité qui nous séduit dans un premier temps, leur évolution finit elle aussi par s’éroder pour finalement rester très en surface. Certaines intrigues secondaires, notamment le traumatisme de Tim, semblent avoir été inclus simplement pour provoquer des jumpscares grossiers et des images dégoûtantes.
Si le film risque de souffrir de comparaisons avec l’horreur corporelle de The Substance ou encore d’Evil Dead Rise, tous ces films ont des objectifs et des idées très différentes, même s’il est vrai que comparé à ses prédécesseurs, le film est assez timide. Néanmoins, à l’heure où les fondations de notre monde sont chamboulées aborder l’espace conjugal, qui plus est hétérosexuel, via le body horror est une belle contribution au genre.