Après l’étrange Vivarium (2019), Lorcan Finnegan revient avec The Surfer. Un trip balnéaire surréaliste porté par un Nicolas Cage en roue libre et disponible sur Paramount+ dès le 1er septembre 2025.
Entre cauchemar halluciné et comédie absurde, The Surfer amuse par moments mais se perd rapidement dans ses propres remous.
« Un père divorcé (Nicolas Cage) revient avec son fils adolescent sur la plage idyllique de son enfance en Australie, dans l’espoir de surfer ensemble. Mais il tombe sur une communauté de surfeurs locaux, hostiles et étrangement sectaires, qui vont l’entraîner dans une spirale d’humiliations absurdes et de visions hallucinées »

Nostalgie en eaux troubles
Le film s’ouvre sur un homme sans nom (Nicolas Cage) qui emmène son fils à Luna Bay, la plage australienne de son enfance. Ce pèlerinage teinté de nostalgie, cache un double espoir : retisser un lien brisé avec son adolescent et reconquérir son ex-femme en achetant une villa perchée face à l’océan. Mais le rêve vacille rapidement quand il doit trouver quelques milliers de dollars supplémentaires en 48 heures, et que l’accueil des locaux est tout sauf chaleureux.
Sur la plage, les « bay boys », petite meute de surfeurs-bullies, lui interdisent l’accès aux vagues. À leurs yeux, il n’est qu’un intrus, un riche touriste américain, un corps étranger sur leur rivage. Refusant de céder, l’homme glisse peu à peu dans une spirale délirante, persuadé que le monde entier s’acharne contre lui. Planche de surf volée, voiture détruite, dignité piétinée : chaque humiliation alimente un naufrage qui n’est pas seulement social, mais profondément psychologique. Sous ses airs de trip solaire, The Surfer révèle alors un conte amer, où l’océan, habituel symbole de renaissance, se mue en métaphore d’exclusion et de retour impossible.
Point Break(down)
Lorcan Finnegan poursuit son goût pour l’étrangeté visuelle déjà palpable dans Vivarium. Naviguant entre réalisme cru et hallucination solaire, la plage australienne devient un décor cauchemardesque saturé de couleurs vives, rappelant par moments l’atmosphère suffocante de Wake in Fright (Ted Kotcheff, 1961). La caméra de Radek Ladczuk (La jeune fille et les paysans, Mister Babadook…) épouse l’errance mentale du héros, multiplie les gros plans fébrile et les visions animales, brouillant sans cesse la frontière entre délire intérieur et réalité. Une esthétique qui crée de vrais moments de vertige, mais donne aussi au film une allure chaotique, plus proche du collage surréaliste que d’une narration maîtrisée.
Le film met en scène une parabole approximative sur la masculinité toxique, le culte du pouvoir, de la souffrance et de la domination. Sous la chaleur écrasante du soleil australien, la plage se referme comme un territoire tribal contrôlé par une caste d’héritiers arrogants. Autant de motifs puissants mais trop peu creusés pour dépasser l’allégorie.
Le Nicolas Cage Show
Sans Nicolas Cage, The Surfer s’effondrerait comme un château de sable. C’est lui qui enchaîne les crises de nerfs hallucinées (ou non) et électrise chaque plan. Un coup il sirote l’eau rouillée d’un lavabo public, l’instant d’après il avale des jaunes d’œufs crus, papote avec des lézards ou brandit un rat mort en hurlant “Eat the rat ! ». Une performance fiévreuse entre grotesque et tragédie qui prouve que Cage continue d’être son propre genre de cinéma et la meilleure usine à memes vivante.
Les seconds rôles auraient pu incarner une menace tangible, mais se réduisent à des silhouettes creuses. Même Julian McMahon en pseudo-gourou des plages avec sa toge rouge et son sourire Colgate peine à exister. Finalement, on guette chaque nouvelle convulsion de Cage plus qu’on n’attend le dénouement de l’intrigue, transformant le film en « one man show » sous acide, hypnotique mais bancal.