Grande favorite des cérémonies ces dernières années, Succession (disponible sur Prime Video avec le PassWarner) tire ce mois-ci sa révérence après quatre saisons.
Satire redoutable des 1% les plus riches, Succession, la série de Jesse Armstrong et Mark Mylod nous immerge dans la machination des hautes sphères américaines. Entre pouvoir, stratégies politiques, intimidations, et souvent, de simples guerres d’égo. Voici le synopsis :
“La riche et puissante famille Roy, composée du patriarche Logan (Brian Cox) et de ses quatre enfants, contrôle l’un des plus gros conglomérats de médias du monde. Alors que leur père vieillissant se retire peu à peu de la compagnie, Connor (Alan Ruck), Kendall (Jeremy Strong), Roman (Kieran Culkin) et Siobhan (Sarah Snook) contemplent le futur de l’entreprise sans lui.”
CinéVerse vous donne 5 bonnes raisons de regarder la série évènement.
1. Pour sa double lecture
D’abord présentée comme une immersion dans le monde impitoyable des affaires et des médias, Succession révèle également un sous-texte beaucoup plus humain et émotionnel.
Inspirée des grandes familles des médias américains, telles que les Murdoch (Fox News) ou les Redstone (ViacomCBS), la série se dresse d’abord contre le capitalisme en mettant en lumière les manœuvres et les enjeux qui prennent place au sommet de ces tours d’ivoire. Les amateurs de politique ou de business sauront donc trouver leur bonheur, au même titre que les adorateurs de drames. Si Succession passe la classe dirigeante au peigne fin, elle en fait de même pour la famille Roy dont les dessous sont décortiqués au fil des saisons. Les liens qui unissent Logan Roy et ses enfants sont pourris jusqu’à la moelle. Ils sont le fruit d’une transmission générationnelle de traumatismes connue de tous mais jamais prise en charge. La série navigue ainsi brillamment entre critique et étude sociale tout en gardant un même point central : l’héritage.
2. Pour la complexité de ses personnages
Stéréotypes de millionnaires privilégiés et détestables, les personnages de Succession sont la cible de nos moqueries et de nos indignations. Regarder les plus riches se tirer dans les pattes est toujours cathartique, jusqu’à ce qu’ils commencent à témoigner d’une profondeur qu’on ne leur soupçonnait pas. Complexes et inattendus, ces personnages sauront gagner votre cœur à tel point que vous vous surprendrez bientôt à prendre partie.
Car bien qu’ils soient ignobles, chaque membre de la fratrie se livre à des batailles qui lui est propre sans toujours posséder les armes adéquates pour se défendre. Profondément seuls, notre attachement pour eux devient alors inévitable. On en oublierait même presque notre morale pour leurs beaux yeux. C’est en cela que naît tout le paradoxe de notre lien avec ces personnages plus vrais que nature. On soulignera d’ailleurs tout particulièrement les performances d’acteurs qui, chaque saison, sont travaillées au millimètre près.
3. Pour son ambiguïté des genres
À l’instar de ses personnages, Succession est un condensé complexe de drame shakespearien et de comédie noire. La balance est presque parfaite : la série est aussi dramatique qu’hilarante, voire même ridicule quand on s’arrête sur certains points. Entre décisions politiques aberrantes qui déclenchent des rires nerveux, ou encore réelles situations absurdes (l’évacuation d’un sac avec un chat imaginaire dedans par exemple), on a de quoi se demander si la série n’a pas sa place au sein des comédies.
Néanmoins, le risible est parfaitement contrebalancé par la gravité des situations. Le tragique et la cruauté se glissent dans chaque conflit, chaque échange et tout ce qui induit à rire ne manque jamais de renvoyer le revers de la médaille. Succession est une véritable montagne russe d’émotions.
4. Pour sa complicité avec le spectateur
Succession place les spectateurs comme premiers témoins des complots et des intrigues qui se jouent au sein de Waystar Royco. La série joue de l’ironie dramatique en nous dévoilant des choses avant que les personnages eux-mêmes ne soient au courant. Une complicité s’instaure alors, exacerbée par la confiance dont nous témoigne le showrunner Jesse Armstrong.
Ici, il n’est jamais question de comprendre quoi que ce soit au travers de flash-backs ou de grandes tirades. Tout est intelligemment montré ou sous-entendu, si bien que certains coups pourraient être anticipés si les spectateurs n’étaient pas devenus aussi proches de la fratrie.
5. Pour sa bande originale
Certains génériques ont su marquer l’histoire de la télévision. On pense notamment à celui de Game of Thrones (autre production HBO) que beaucoup vivaient comme un rituel à chaque épisode. Celui de Succession vient évidemment s’ajouter à la liste. Composé par Nicholas Britell, il constitue la première pièce d’une composition absolument magistrale déroulée sur quatre saisons. Ces partitions de génie sont le miroir des Roy et du monde dans lequel ils vivent, accentuant tous leurs états d’âme, tous leurs défauts. Elles accompagnent nos émotions avec presque autant de poids que les personnages, et en deviennent tout aussi indispensables.
En somme, la réputation de HBO perdure ici avec une série qui se savoure au gré d’une écriture précise et incisive. Un véritable phénomène de télévision à ne surtout pas manquer ! Rendez-vous lundi 29 mai pour la diffusion du dernier épisode.