Depuis Robert Redford et son Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, le spectateur cinéphile connait les vertus thérapeutiques des équidés pour soulager les troubles humains. Vincent Tricon l’illustre à son tour dans Sami la fugue, un court-métrage entre naturalisme et fable animaliste.
C’est l’hiver en Franche-Comté. Sami (Idir Azougli) est interné en centre psychiatrique. Un jour de visite, sa mère et sa petite sœur lui apprennent que leur cheval est mort.
Sami la fugue de Vincent Tricon (déjà vu au montage de Divines de Houda Benyamina) est avant tout une histoire de contrastes. Le contraste entre la dureté du monde de la psychiatrie, son enfermement, sa lumière crue, et la douceur de l’escapade équestre, éphémère moment de liberté nocturne. Contraste toujours, entre le mutisme éperdu du malade sous camisole chimique, et le dialogue spirituel du cavalier et sa monture, porteur d’espérance. Contraste enfin, celui de la voix rocailleuse de Idir Azougli (Shéhérazade, Bac Nord…), guidant avec douceur son cheval Chopin (autre grand malade de l’âme) sur les chemins de leur balade nocturne.
On notera avec soulagement le refus du réalisateur de céder à un quelconque traitement voyeuriste du sujet de la psychiatrie, préférant diriger sa caméra vers le genre fantastique. Les ombres fantomatiques des deux évadés qui se découpent sur les versants hivernaux du Jura, accompagnés par les volutes musicales de nappes électroniques, valent assurément le coup d’oeil. Contraste, vous disait-on.