Saint Frances d’Alex Thompson est une découverte majeure du cinéma indépendant américain. Les thèmes abordés sont inscrits dans un monde très ancré dans la société actuelle.
Le Champs-Elysées Film Festival propose une sélection indépendante américaine et française. Saint Frances s’inscrit dans le cadre de la compétition américaine et obtient le Prix de la critique ainsi que du Prix du public puisqu’il s’agit de la petite bombe du festival. Un coup de coeur maitrisé de bout en bout par le réalisateur Alex Thompson.
Bridget a 34 ans, elle n’a pas de carrière ni d’enfant mais elle fait du baby-sitting et s’occupe de Frances…
Le cinéma indépendant est celui qui aborde le plus les thématiques peu communes et controversées de la société. Notamment le cinéma indépendant américain qui livre des films importants sur notre époque, et c’est le cas pour Saint Frances qui a été écrit par l’actrice principale du film, Kelly O’Sullivan. Comme vous pouvez le voir avec le synopsis, le film a l’air tout à fait banal, mais là où il excelle, c’est dans sa capacité à proposer des thématiques fortes dans un scénario bien écrit. Il ne s’agit pas de caser le plus de sujets possibles mais d’accorder celles-ci avec l’histoire.
Dès le début du film, on se prend d’empathie pour Bridget, lassée par les attentes des autres. Et petit à petit, on fait connaissance avec Frances, une petite fille de 4 ou 5 ans qui a pour parents 2 mères. On sent également dans le discours une volonté de transparence, les personnages discutent ouvertement entre eux de tout, rendant le film intimiste et attisant la curiosité (naturelle) du spectateur envers l’intimité de l’autre.
Les thèmes abordés sont nombreux et sont tous liés à la condition féminine aujourd’hui. Les règles pendant le rapport sexuel, l’incapacité de savoir si l’on veut un enfant, l’avortement et ses conséquences physiques et psychologiques, la liberté sexuelle, l’attente des parents envers ses enfants, l’attente des autres envers la carrière professionnelle, le port ou non-port d’un contraceptif, l’engagement avec son partenaire ou non, la manière d’éduquer un enfant, l’homosexualité… Le tout dans un seul film. Et même l’allaitement en public qui est sans doute la scène la plus inattendue du film. N’importe quel film privilégierait le drame à la maturité, Saint Frances préfère livrer des messages positifs.
Parfois du domaine du feel-good movie, l’émotion est toujours là au coin des scènes. L’empathie est forte, il s’agit d’une femme perdue et d’une petite fille très mature, les dialogues de l’une sur l’autre sont adorables, et les personnages sont parfois tellement attentionnés les uns avec les autres qu’on ne peut s’empêcher de les aimer, de souffrir avec eux mais aussi de rire avec eux. Parce que Saint Frances a ce don d’aborder des sujets sérieux avec beaucoup d’humour, la présence de l’enfant aide à développer des réflexions multiples, il ne s’agit en aucun cas de donner une vision unique.
Saint Frances est une claque que tout le monde doit s’infliger à une époque où les hommes doivent pouvoir comprendre les problématiques des femmes. Le temps nous le dira puisqu’il n’y a pas de date de sortie, mais Saint Frances d’Alex Thompson obtiendra de nombreux prix en festival et marquera les esprits pour sa multitude de thématiques inscrites dans une histoire avec des personnages attachants, des dialogues sincères et des performances bouleversantes.