Pompo The Cinephile de Takayuki Hirao : Once upon a time in Nyallywood

Takayuki Hirao pompo the cinephile

Le cinéma ne se lasse pas de mettre en scène ses coulisses et ses secrets. Avec Pompo The Cinephile, Takayuki Hirao met le 7e art en animation.

Babylon de Damien Chazelle, Making Of de Cédric Kahn, Le Deuxième Acte de Quentin Dupieux (diffusé en ouverture du Festival de Cannes) ou encore Le Livre des Solutions de Michel Gondry…  Ces dernières années, le hors-champ de la caméra fascine les réalisateurs et les cinéphiles. Car finalement, aller au cinéma pour découvrir les coulisses de cet art, c’est très intéressant. Cela tombe bien : Pompo The Cinephile arrive dans nos salles le 3 juillet prochain.

« Pompo est une productrice talentueuse de la capitale mondiale du cinéma, « Nyallywood ». Bien qu’elle soit connue pour ses films de série B, Pompo annonce un jour à son assistant Gene qu’il va réaliser son prochain scénario : un drame délicat sur un génie créatif vieillissant et tourmenté. Gene peut-il relever le défi de Pompo et réussir en tant que réalisateur débutant ? »

Image issue du film Pompo The Cinephile
© Art House

Une direction artistique créative et soignée

Réalisé par Takayuki Hirao, Pompo The Cinephile est d’abord un manga écrit par Sugitani Shogo en 2 volumes. Les tomes étant sortis en 2018, il aura fallu attendre 3 ans pour avoir l’adaptation cinématographique au Japon, le 4 juin 2021, et 6 ans pour découvrir les aventures de Pompo dans nos salles françaises. 

Le film faisait partie de la sélection Cannes Écrans Junior du Festival de Cannes l’année dernière, un lieu approprié pour une oeuvre qui évoque une lettre d’amour au cinéma.

Comme tout film d’animation japonais qui arrive dans nos contrées, Pompo The Cinephile a une esthétique propre et soignée, profitant du concept pour tenter une direction artistique créative. Par exemple, on rencontre des changements de cadrage dans l’image, afin que le spectateur puisse différencier ce qui relève du tournage et des coulisses, de ce qui est réellement le film. Ou bien encore, des effets de rembobinage lorsque Gene s’attaque au montage, etc. En particulier, cette manière avec laquelle l’activité du montage est montrée à l’écran, est très graphique et fonctionne très bien.

C’est donc un plaisir de plonger et s’aventurer dans les rues de « Nyallywood ». Ceci, malgré une oeuvre qui prend un peu son temps à démarrer, mais où les éléments du « film à l’intérieur du film » s’imbriquent comme des pièces d’un puzzle.

Image issue du film Pompo The Cinephile.
© Art House

L’amour du cinéma et ses questionnements

Pompo The Cinephile est donc, d’abord et avant tout, une oeuvre méta qui va questionner nos goûts et nos attentes en matière de cinéma. Le film aborde par exemple la réalisation et l’image d’un film à travers une émotion, un moment, une lumière. Comment cette image doit être filmée pour transmettre précisément cette émotion voulue au spectateur ?

Ceci questionne également la durée parfaite d’un film. Le personnage de Pompo dit d’ailleurs dans l’oeuvre « Aujourd’hui, c’est vache de demander aux spectateurs de sacrifier 2h de leur temps. Il faut savoir trier les scènes utiles et transmettre son message de manière concise ». Une question qui fait débat à l’heure actuelle quand des films comme Killers Of The Flowers Moon ou encore Oppenheimer ont une durée de plus de 3h et lorsque le prochain film de Gilles Lellouche l’Amour Ouf présenté au Festival de Cannes en fera 3h30.

Le long métrage interroge aussi sur le contenu d’une bande-annonce : doit-elle trop en dévoiler au risque de divulgâcher des événements importants, ou donner du suspens afin de captiver le public, et tout ça en une durée de moins de 15 secondes ?

Le spectateur va finalement être dans l’esprit du réalisateur débutant, Gene, en apprenant avec lui, en se questionnant avec lui, pour avoir en fin de séance des débats intérieurs avec soi-même sur nos souhaits en terme de cinéma.

Image issue du film Pompo The Cinephile.
© Art House

Finalement, Takayuki Hirao explore les coulisses du cinéma avec créativité et une direction artistique innovante. Pompo The Cinephile engage le spectateur dans une réflexion intérieure sur le cinéma et ses émotions...

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