Dans On est fait pour s’entendre, Antoine est jeune, et pourtant, il a perdu beaucoup d’audition. De ses élèves à ses amours, sa vie devient de plus en plus difficile à supporter sans son audition…
La carrière de Pascal Elbé est très inégale, et ce n’est pas le premier auquel on pense lorsque l’on nous demande qui sont nos acteurs fétiches. Ses deux premières réalisations intitulées Tête de turc (2010) et Je compte sur vous (2015) ne sont pas non plus de grands films. Pour son 3e long-métrage intitulé On est fait pour s’entendre qu’il présente au Festival francophone d’Angoulême, Pascal Elbé porte plusieurs casquettes. Celle de réalisateur, celle d’acteur et celle de scénariste.
Du sérieux à la comédie ?
La thématique de l’handicap sur les sourds et malentendants n’est pas nouvelle. Plusieurs réalisateurs ont abordé le sujet sous un angle différent. Le Pays des sourds (1993), de Nicolas Philibert est un documentaire. Sur mes lèvres (2001) de Jacques Audiard naviguait entre la romance et le film noir. Sound of Metal (2020) dépeignait un portrait saisissant d’un batteur en perte d’audition… Pascal Elbé, lui, en fait une comédie. Difficile de ne pas être réticent devant cette information.
Certaines thématiques méritent d’être abordées par le cinéma pour démocratiser le sujet et le rendre plus compréhensible aux yeux de tous, et la comédie (à quelques exceptions près) peut faire peur. Mais dans On est fait pour s’entendre, l’handicap est abordé avec beaucoup de respect.
Une communication sourde
Pascal Elbé fait le choix judicieux d’incarner un homme trop jeune pour que sa perte d’audition soit logique pour les autres. Ainsi, les situations deviennent très vite hilarantes car improbables à nos yeux. Dès la scène d’introduction, Antoine n’entend pas les reproches de sa partenaire au lit, et en découle une situation conflictuelle. En réalité, la première partie du film est un enchaînement de situations conflictuelles qui montrent les problématiques rencontrées par cet handicap. Dès lors que les personnages d’Antoine et Claire (interprétée par Sandrine Kiberlain) passent par dessus la dispute, le film prend une autre dimension et devient touchant. Notamment par la relation développée entre Antoine et la fille de Claire, muette depuis le décès de son père.
Le film est aussi et surtout la présence de personnages secondaires essentiels à la réussite du film. On retiendra surtout François Berléand qui joue un collègue d’Antoine, et au centre d’une des scènes les plus drôles de l’année où il est présent malgré lui à un cours de lecture labiale, au milieu de personnes âgées.
On est fait pour s’entendre est aussi fait pour être vu, bien qu’il ne creuse jamais son sujet en profondeur. Pascal Elbé multiplie les problèmes (la surdité, le mutisme, le deuil et la maladie d’Alzheimer…) et les aborde en surface, mais sans jamais leur manquer de respect et avec beaucoup d’humour.