Nos coups de cœur du festival Chéries-Chéris 2025

Cheries cherie 2025 coups de coeur

Pour cette 31e édition, le festival Chéries-Chéris 2025 nous accueillait du 15 au 25 novembre 2025 afin de découvrir des films LGBT du monde entier, mettant en lumière une pluralité de parcours de vie et de profils, qu’il peut encore être difficile de retrouver dans le cinéma « mainstream ».

Parmi nos différentes découvertes lors de ce festival Chéries-Chéris 2025, nous avons sélectionné quatre films (trois de 2025 et un film de patrimoine) à ne pas manquer lors de leur sortie en salle.


Night Stage de Marcio Reolon et Filipe Matzembacher (Brésil)

Night Stage
© Outplay Films

« Le jour, ils se produisent pour un public ; la nuit, ils risquent tout… Un acteur et un politicien entament une liaison secrète et découvrent ensemble leur fétichisme pour les rapports sexuels dans des lieux publics. Plus ils se rapprochent de leur rêve de célébrité, plus leur besoin de se mettre en danger devient irrésistible. »

Night Stage est un thriller érotique fort. Le fétichisme de ses protagonistes est une façon intéressante de servir son sujet : devoir cacher qui l’on est lorsqu’on est une figure publique. Le film questionne l’intérêt de sacrifier son identité pour atteindre son but ; tout cela pour devenir un simple objet interchangeable aux yeux du public.

Night Stage va toujours plus loin, monte en intensité jusqu’au bout et nous offre un final inoubliable. Les acteurs sont tout aussi remarquables.


Queer as Punk de Yihwen Chen (Malaisie, Indonésie)

Queer as Punk
© Locke Films, Talamedia

« Faris est le chanteur transgenre de Shh… Diam! un groupe punk ouvertement queer basé en Malaisie. Avec ses camarades Yon et Yoyo, ils utilisent leur musique pour défendre les droits LGBTQI+ dans un pays où les droits humains et la liberté d’expression sont sévèrement restreints par une société musulmane conservatrice. Face à une discrimination croissante, Yoyo décide de quitter la Malaisie. Malgré les difficultés, Faris choisit de rester, déterminé à continuer d’utiliser sa musique comme une plateforme pour défendre la liberté et l’égalité, refusant de laisser les pressions sociales les réduire au silence. »

Le temps d’un documentaire, nous sommes transporté·es aux côtés de Shh… Diam!, un des rares groupes ouvertement queer en Malaisie, où la communauté LGBT est fortement discriminée.

Queer as Punk présente un aperçu de la réalité des personnes queer en Malaisie, entre les discriminations mais aussi leurs efforts pour changer les choses. Suivre Shh… Diam! sur plusieurs années permet également d’observer les évolutions du groupe, mais aussi celles de la politique locale. Faris, le chanteur du groupe, profite du documentaire pour évoquer certains problèmes qu’il a pu rencontrer à cause de la transphobie : sa difficulté à voter lors des élections puisqu’il ne peut pas modifier la mention de genre sur ses papiers, le fait qu’il a longtemps cru qu’il ne pourrait pas faire sa mammectomie…

Au final, on en retient la joie lors des concerts du groupe, la force de leurs liens et leur détermination à se battre et à vivre comme iels l’entendent.


Pillion de Harry Lighton (Royaume-Uni)

Pillion
© Memento

« Colin, un jeune homme sans histoire, rencontre Ray, le leader charismatique d’un club de motards. Il l’introduit dans sa communauté queer et fait de Colin son soumis. »

C’est probablement une des sorties les plus attendues de ces derniers mois, et l’attente en valait le coup ! Colin (Harry Melling) découvre la communauté BDSM gay et est confronté aux limites des dynamiques qui peuvent s’y développer. Le film n’en dit jamais trop, et nous laisse nous questionner sur les sentiments de Ray (Alexander Skarsgård). Un simple regard, isolé par un gros plan, devient lourd de sens.

Le duo principal fonctionne bien : le personnage d’Alexander Skarsgård est aussi charismatique qu’énigmatique, et celui de Harry Melling est touchant, en pleine découverte de ses fantasmes. Le résultat est intense et émouvant, avec un humour maîtrisé.


Macho Dancer de Lino Brocka (Philippines, 1988)

Macho Dancer
© Carlotta Films

« Après le départ de son amant américain, Pol, adolescent séduisant, quitte sa province natale pour rejoindre Manille afin de pourvoir aux besoins de sa famille. Noel, call-boy populaire, le prend bientôt sous son aile et lui fait pénétrer l’univers du strip-tease masculin, entre prostitution, drogue et corruption policière. »

Cette édition de Chéries-Chéris était également l’occasion de (re)découvrir des classiques du cinéma LGBT. Parmi eux, nous avons eu droit à une séance spéciale patrimoine qui nous permettait de plonger dans Macho Dancer, un classique du cinéma gay philippin. Alors que le film est censuré dans son pays d’origine, cette séance était la première mondiale de la version restaurée.

En suivant un jeune homme contraint de se prostituer et de travailler dans un club gay, Brocka met en scène la pauvreté, la corruption, le colonialisme et, bien sûr, l’injustice qui en découle. Le réalisateur arrive à parler au grand public, tout en abordant des sujets pourtant tabous. Les corps masculins sont érotisés, objectifiés, et présentés dans des scènes homoérotiques remarquables et étonnamment longues, qui dénotent avec la gravité du reste du film. Face à eux, nous devenons des observateur·ices, au même niveau que le public du club, malgré le fait que nous ayons conscience de ce qui se joue.

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