LongLegs d’Osgood Perkins : Un grand pas pour l’horreur

Osgood Perkins Longlegs

Au milieu de reprises de grands classiques et de suites que personne n’attend vraiment brille un petit objet. Grainé et aux mouvements erratiques, LongLegs est un film d’horreur qui s’offre le luxe de s’interdire d’en être un, au profit de ses propres besoins, angoissants et anxiogènes.

Attendu et inattendu, le film LongLegs d’Osgood Perkins se paie le luxe d’avoir, avant même sa sortie, bénéficié d’un bouche-à-oreille conséquent chez les amateurs d’horreur. Percée d’un parasite dérangeant à travers l’épaisse couche de clichés accolés à l’horreur.

“L’agent du FBI Lee Harker (Maika Monroe) une nouvelle recrue talentueuse, est affectée sur le cas irrésolu d’un tueur en série insaisissable. L’enquête, aux frontières de l’occulte, se complexifie encore lorsqu’elle se découvre un lien personnel avec le tueur impitoyable qu’elle doit arrêter avant qu’il ne prenne les vies d’autres familles innocentes.”

Devant un mur de signes et d'indices plongés dans l'obscurité d'une pièce sombre, Lee Harker tente de relier les pistes et les familles victimes de LongLegs
©Metropolitan films

Pas à pas

Tout dans ce LongLegs d’Osgood Perkins, participe à en faire un objet mouvant et marquant. Sa force, à la manière d’un corps se tenant sur une jambe plus grande que l’autre, est son hétérogénéité.

Le cadre comme les personnages sont changeants, incertains. Tantôt un format 4/3 étouffant, devient un souvenir d’enfance chaleureux, tournant à l’horreur pure. Puis, l’un des personnages les plus stables et rassurant du film se change en psychopathe contrôlé par une entité anonyme.

LongLegs n’a peut-être pas l’attractivité performative de When Evil Lurks ou les qualités d’écriture d’Ari Aster, mais le chemin qu’il emprunte est autrement plus dérangeant. Comme un petit ver remontant nos nerfs optiques pour se loger dans le cerveau, il infuse l’entièreté du métrage d’un voile d’inconfort, qui reste longtemps après la fin du film, à la manière de cette étrange figure que l’on peut voir dans la bande-annonce.

Presque entièrement dénué de gore, le film se permet de jouer sur nos attentes. Comme une réponse immunitaire, il nous fait détourner le regard, déglutir, sans pour autant sauter au visage. Et en utilisant des codes classiques comme le jumpscare et des contextes habituels comme celui du coup de téléphone – que ne renierait pas Scream -, il nous met dans une position dominante car nous pensons le comprendre, avant de se muer en quelque chose d’inattendu et autrement plus horrifique.

Des vers et des pas mûrs

Son travail du timing est appuyé par les acteur.ices, qui sont eux-même sur ce fil de déséquilibre. Nicolas Cage incarne parfaitement le personnage qui donne son nom au film, et lui donne un cachet qui varie du kitsch au cauchemardesque.

Passée la première moitié du film, l’inconfort se fait encore plus grand lorsque se tisse une toile qui semble engluer tous les personnage. L’on assiste alors à la mutation d’un être encore plus perturbant et inévitable. LongLegs se meut en une créature chthonienne et la peur qu’il suscite prend le pas sur le reste des enjeux. Il fait des personnages ses membres, et de leurs relations ses tendons. En outre, il fait passer son rythme et ses effets avant le reste, pour laisser une impression d’âpreté et d’épouvante pure.

De là peut nous venir la seule réelle critique négative : c’est son retour à une horreur plus proche de la chrétienté, qui vient aplatir le tout et renvoie le parasite infernal qu’il était à un simple statut de lombric. Une approche prosaïque comparée à sa propre imagerie, et surtout une rechute regrettable dans un cliché horrifique qui, lui, ne sera jamais contré.

Longlegs
©Metropolitan films

Outre cette note de fin rebutante, LongLegs est bien l’objet parasitaire qu’il se vante d’être. Une plongée dérangeante non plus du spectateur dans le film, mais bien l’inverse. Parfait bijou horrifique, perturbant et difficile à oublier.

 

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