Dans une froideur clinique, La Convocation plonge le spectateur dans une surprenante confrontation de mensonges et de vérités.
Premier film et premier succès critique pour Halfdan Ullman Tøndel. Caméra d’Or au Festival de Cannes 2024, La Convocation (Armand de son titre original) débarque en salle le 5 mars 2025.
« Lorsqu’un incident se produit à l’école, les parents des jeunes Armand et Jon sont convoqués par la direction. Mais tout le monde a du mal à expliquer ce qu’il s’est réellement passé. Les récits des enfants s’opposent, les points de vue s’affrontent, jusqu’à faire trembler les certitudes des adultes… »

Ici, tout est symbole
Que penser du symbolisme au cinéma ? Pour rappel, on parle de symbolisme quand la narration décide d’utiliser des images et/ou des symboles pour transmettre des émotions sans les énoncer explicitement. Une facilité d’écriture ou, au contraire, un challenge ? Dans tous les cas, Halfdan Ullman Tøndel s’empare de cette technique pour illustrer la grande partie de son œuvre. Sa caméra, pourtant souvent bien positionnée dans l’action, se tourne ou s’intéresse souvent aux détails. Une image sur un mur, la disposition des éléments de décors ou encore la distanciation entre les personnages. Autant de manière de jouer avec l’image que le cinéma peut le permettre.
Toutefois, le procédé peut devenir plus que frustrant. Si ne pas montrer est souvent plus impactant que de montrer à l’écran, deux heures successives de détournement de regard ou de représentations figuratives laissent un goût d’inachevé. La Convocation, ne manque pas d’interpeler, mais semble – par son abus de symbolisme – ne répondre à aucune interrogation et laisse davantage l’impression d’une expérience sensorielle prenant le pas sur le plaisir narratif.
La représentation du mensonge et de la vérité
Si la forme se perd dans la représentation figurative, Halfdan Ullman Tøndel vient avec l’idée brillante de questionner la parole des enfants, dans un film sans enfant… Coincée entre les quatre murs de l’école de son fils (tout le film est en huis-clos) notre protagoniste (Renate Reinsve) se retrouve au cœur d’un questionnement assez peu vu au cinéma : les enfants sont-ils innocents, et la quête de vérité est-elle plus importante que la défense de mon enfant ? Récits contre récits, les deux clans s’affrontent rapidement sur cette seconde question, la vérité n’étant que le point de vue que chacun veut accepter ou entendre.
Toujours dans un cadre décoratif froid (l’étalonnage du film oscille entre le bleu et le gris), on retrouve une volonté de faire s’affronter des opinions biaisés. Le fond n’est pas sincèrement questionné, les préjugés sur les enfants faisant office d’arbitre. Et cela, le film appuie habilement dessus dans sa première partie. Néanmoins, le propos perd en vitesse au fur à mesure du déroulé de l’histoire jusqu’à le perdre complètement dans une dernière partie aussi surprenante qu’incompréhensible, laissant la place pleinement à des délires symboliques qui en raviront certains, et en perdront d’autres.
La Convocation ne semble pas terminée. Premier film oblige, la gestion du rythme et la clarté de la narration semblent laisser place au sensoriel. Pour autant, Halfdan Ullman Tøndel illustre en moins de deux heures les qualités qui font de lui un cinéaste déjà reconnu par ses pairs et dont la suite de carrière laisse une certaine curiosité qu’il nous sera plaisant de combler..