Œuvre à l’atmosphère sombre et sordide, Kill it and Leave this Town s’apparente à une plongée dans la psyché de son réalisateur Mariusz Wilczyński qui à travers son personnage principal, utilise le pouvoir du cinéma d’animation afin de panser les blessures de son passé.
Kill it and Leave this Town permet au spectateur d’effectuer une plongée directe dans l’esprit de son réalisateur. On y suit le personnage principal, alter-ego de Mariusz Wilczyński, vagabondant au sein de son imagination à la recherche de son enfance et des personnes disparues qui ont compté pour lui.
Dans la peau de Mariusz Wilczyński
Ainsi, le long-métrage se déroule presque intégralement dans l’esprit de ce personnage, réfugié dans un monde imaginaire enrichi par ses souvenirs et les visages de ses défunts proches, afin de ne plus avoir à affronter la mort en face.
Mariusz Wilczyński livre ici une œuvre profondément cathartique et évidemment autobiographique, car c’est le réalisateur lui-même qui prête ses traits et sa voix au personnage principal. Il n’hésitera pas d’ailleurs à user de la mise en abîme, notamment dans une séquence revenant sur les derniers instants de sa mère, à laquelle il parlera du film et de son choix du compositeur pour la bande originale.
Joyeux comme un hiver en Pologne
Kill it and Leave this Town pourra surprendre – voire rebuter – par la qualité de son animation, car Marius Wilczyński ne cherche pas à montrer le beau, le propre et le lisse, mais bien à souligner toute la noirceur, la saleté et la tristesse du monde. Pour certaines séquences, le réalisateur n’a recours à rien d’autre sinon à des croquis extraits d’un carnet de dessin. Les traits sont peu rigoureux, les personnages laids et les paysages emplis d’une infinie tristesse.
En cela, il apparaît évident que la forme du long-métrage est entièrement cohérente avec le fond, puisqu’il n’est finalement rien d’autre qu’un voyage au plus profond de la psyché d’un homme gravement atteint émotionnellement par les épreuves de sa vie. Mais il s’avère extrêmement difficile de parler d’un film aussi personnel pour son réalisateur. Si certains reconnaîtront la Pologne industrielle, ravagée par la guerre, la dictature et la pauvreté, d’autres pourraient se sentir perdus dans cet univers sordide et macabre, dans lequel tout suinte le désespoir et la mort.
Kill it and Leave this Town est un film extrêmement dense, parfois perturbant, souvent déprimant. Mariusz Wilczyński livre ici une œuvre éminemment personnelle, marquée par une noirceur déstabilisante, à l’image de sa dernière séquence, qui malgré ce qu’elle évoque sur l’espoir retrouvé du personnage principal, révèle au spectateur ce que Marius laisse derrière lui : des dizaines de cadavres entassés sur la plage et enroulés dans des barbelés, condamnés à ne devenir rien d’autre que les fantômes d’un passé douloureux.