Développant l’univers et les personnages de sa propre série à succès Jungle en délire, Jungle Beat est le premier long-métrage de Brent Dawes
Jungle Beat rejoint le panthéon des films d’animation classiques qui plairont aux enfants en laissant les adultes sur leur faim. En compétition officielle à l’édition 2020 du Festival d’Annecy.
Alors que la jungle se réveille, les animaux se rendent compte qu’ils obtiennent la faculté de parler grâce à la présence d’un extraterrestre venant d’une contrée lointaine…
C’est sur un dynamisme flagrant que le film s’ouvre, laissant apparaître un singe se baladant d’une branche à une autre dans une grande jungle. Les premiers instants permettent aux spectateurs mais surtout aux enfants de découvrir les différents animaux qui feront partis du voyage : un singe, un hérisson, un éléphant et un rhinocéros. Là où il se différencie des autres films d’animation comportant des animaux est dans sa manière de rationaliser l’irrationnel. Rien n’obligeait Brent Dawes a justifier la parole des animaux. Dans Jungle Beat, les animaux sont originellement muets comme dans la réalité, mais ils rencontrent un extraterrestre qui possède un artefact leur permettant d’émettre des mots. Assez intelligemment, les animaux découvrent les mots et s’y habituent. Le message lié au langage est efficace pour les enfants : c’est lui qui permet de communiquer, dire les choses telles qu’elles sont, mais surtout se faire comprendre et se faire aider.
Malheureusement, Jungle Beat a du mal à nous tenir en haleine pendant 1h30, ressemblant étrangement plus à une série étendue sur la longueur qu’à un long-métrage équilibré sur toute sa durée. Les personnages caricaturaux rendent la structure narrative prévisible et le film en lui-même respire le premier degré du début à la fin, de ses dialogues à son découpage visuel. À l’image, les décors sont resplendissants lorsque les plans sont fixes, mais dès lors que l’on bouge, un effet cheap s’en dégage (la preuve avec la séquence d’ouverture). Si les personnages du film sont plus proches de l’aventure que de l’action, on a cette impression d’être coincé dans un huis-clos. Il y a une volonté de diversifier les paysages, mais ils restent toujours similaires. S’en suit donc une impression de déjà-vu.
Comme nous l’avions évoqué plus tôt, les cibles principales sont bien évidemment les enfants, l’univers dépeint et les thématiques abordées sont réussies par rapport à la cible. Brent Dawes utilise son univers et le personnage de l’extraterrestre pour parler de solitude, d’amitié, mais surtout d’un élément qu’on ne retrouve pas forcément dans chaque long-métrage d’animation avec des bons sentiments.
La représentation des figures paternelles ou maternelles, qui peuvent être tantôt nocives et dans l’erreur, tantôt être justes et avoir raison. Le père de l’extraterrestre préfère la réussite à son bonheur en employant le fameux « si je fais ça, c’est pour ton bonheur », la mère de l’oisillon sait mieux que son bébé qu’il ne peut voler de ses propres ailes. Si on peut critiquer le film sur son aspect premier degré, c’est également lui qui fait sa plus grande réussite : la concrétisation visuelle et narrative du bien, de l’amour, et des impacts positifs au plus profond de soi.
Lorsque la race extraterrestre finit par s’aimer et s’enlacer, sa couleur bleu vire au jaune. Même si Jungle Beat est bien trop classique pour plaire à tous, les enfants comprendront qu’on a plus à gagner à aimer qu’à détester…