Retourner vers la série Foundation tous les deux ans, c’est un peu comme un repas de noël en famille : on aime à moitié et on s’ennuie la plupart du temps, mais on reste pour les surprises. La saison 3 fait elle exception en continuant dans les traces des épisodes finaux de la précédente ou possède-t-elle les mêmes défauts ?
Librement adaptée de la célèbre saga et pilier de la science-fiction moderne de Isaac Asimov, Foundation entame en juillet sa troisième entrée chez Apple. Malheureusement, la série reste dans sa lancée gardant les bons comme les mauvais côtés de ses aînées.
“152 ans se sont écoulés. La Fondation s’est solidement établie bien au-delà de ses modestes débuts, tandis que l’Empire de la dynastie Cleon est en déclin. Alors que ces deux puissances galactiques tentent de nouer une alliance fragile, une nouvelle menace surgit : celle d’un redoutable chef de guerre connu sous le nom de The Mule, prêt à conquérir l’univers par la force physique et militaire… mais aussi par le contrôle de la pensée.”
Des visuels à la hauteur de l’ambition
C’était déjà le point fort des deux premières saisons et la 3e ne déroge pas à la règle: la production design de Foundation est ahurissante. Les décors sont sublimes, les effets indiscernables et la lumière somptueuse. On sent l’argent de Tim Cook sur chaque plan pour coller à l’univers immense et dense imaginé par Asimov. En 2021 comme aujourd’hui, c’est la série de SF la plus impressionnante dans le paysage télévisuel.
Cependant, le Kinder surprise à beau être super bon, le jouet à l’intérieur manque un peu d’intérêt. La série ne fait effectivement peu honneur à sa sublime carrosserie en proposant trop peu d’idées de mise en scène. Tout est filmé, découpé et monté de manière académique, si bien qu’on en est presque frustrés. On voudrait plus d’audace, plus de plans compliqués, créatifs ou de choix drastiques.
Et si, quand elle a débarqué sur nos écrans, la série avait le mérite d’être la seule avec une telle ambition, aujourd’hui Foundation souffre de la comparaison avec des séries comme Andor, qui la surpasse à tous les niveaux.
Prisonnier d’un livre trop complexe
Quiconque a déjà posé ses yeux sur la littérature de Isaac Asimov, sait à quel point elle est aussi dense que complexe. Or, en adaptant Foundation, Goyer et son équipe s’attaquent au défi de rendre la saga accessible, tout en ne dénaturant pas le génie de l’écrivain russe. Malheureusement, pour essayer de relever ce défi, la série s’enferme dans des dialogues lourds et sur-explicatifs qui, s’ils rendent sûrement bien sur papier, deviennent terriblement lassant à l’écran. Et comme tout est complexe, les personnages passent leur temps à s’expliquer entre eux le scénario, rendant la moitié de chaque épisode barbant.
D’autant plus que malgré toutes ses précautions, Foundation reste tout de même confuse, tant le bourrage de crâne finit par saturer notre mémoire, qui en oubliera toujours des noms de planètes ou de personnages. Les personnages justement ! Si certains sortent du lot (l’antagoniste débilement méchant ou encore le couple d’influenceurs de l’espace), la plupart ne sont pas très intéressants, et n’encouragent pas à nous faire continuer la saison.
Ce qui nous maintient pourtant dans la course, ce sont les petits instants de bravoure, qui durent au mieux un épisode, quand la série se rappelle d’où elle vient – et du portefeuille à sa disposition – pour nous livrer des scènes franchement géniales. Malheureusement, dans la scène suivante, on retournera vite à deux personnages qui parlent pendant 5 min en champ/contre-champ.