Du 19 au 25 mars, où que vous soyez en France, vous pourrez profiter de la Fête du Court Métrage ! Entretien avec Fanny Sidney, marraine de cette édition 2025.
La Fête du court métrage est un événement annuel consacré à la promotion du court métrage en France et à la découverte à l’international. Organisée par l’association « Faites des Courts, Fête des Films », cette manifestation vise à faciliter l’accès aux films courts pour tous les publics. L’édition 2025 se déroulera du 19 au 25 mars, avec plus de 20 000 séances prévues dans divers lieux tels que des cinémas, médiathèques et autres espaces culturels. Nous avons rencontré Fanny Sidney, qui marraine cette année la Fête.

Bonjour Fanny ! Merci de nous accorder cet entretien. Pourquoi la Fête du court métrage ?
Fanny Sidney : Cet évènement là me touche particulièrement par le fait qu’il va rejoindre le public dans les établissements scolaires, pénitenciers, les lieux culturels… il rayonne sur tout le territoire. Pour moi qui n’ait pas grandi dans une grande ville, c’est par des évènements comme ça que ma vocation est née !
Et ça consiste en quoi, le rôle de marraine ?
FS : Faire la fête ! (rires) Voir des films, venir avec mes enfants… participer, quoi !
« J’aime quand le court-métrage ne se prend pas pour un long-métrage. »
On se dit peut-être qu’en progressant dans le milieu du cinéma, on perd de l’intérêt pour le format court-métrage. Est-ce que vous en regardez toujours ?
FS : C’est aussi pour ça que je marraine ces festivals, peut-être parce que je prends moins le temps d’en regarder. J’en regarde quand je fais de la « veille » : dans le cadre de mon travail, pour voir le travail d’un acteur ou d’une actrice. J’en regarde aussi quand j’en montre à mes filles, des courts-métrages Pixar, par exemple : Piper est extraordinaire, Bao… ils ont une forme idéale pour des parents qui ne veulent pas abreuver leurs enfants d’écrans.
Parmi les court-métrages nommés aux César 2025, est-ce qu’il y en a un ou plusieurs que vous avez particulièrement aimé ?
FS : Oui ! J’ai adoré Queen Size, d’Avril Besson. J’ai aussi trouvé Ce qui appartient à César intéressant. En fait, j’aime quand le court métrage ne se prend pas pour un long métrage. Ça devient souvent une sorte de bande-démo de l’histoire à venir, et Ce qui appartient à César ne donne pas du tout cette impression là, il est complet et se tient entièrement tout seul.

« Que les choses puissent coexister, c’est très important pour moi. »
On vous connait surtout en tant qu’actrice (Dix Pour Cent, Respire, Selfie…) mais vous avez aussi versé dans le scénario et la réalisation…
FS : C’est un grand apprentissage de la vie de se dire que les choses peuvent coexister. On me demande plutôt : « Et si vous deviez choisir ? »
Ce qui est une question impossible !
FS : Oui, c’est ça ! (rires) Tout ça participe d’un équilibre créatif et très fertile, très nourrissant. Le fait que les choses puissent coexister, c’est très important pour moi.
Vous avez d’abord fait le cours Florent, puis intégré la Fémis en réalisation, avant de retourner vers le métier d’actrice… pourquoi ces changements de parcours ?
FS : En sortant du Bac théâtre, j’ai présenté en même temps la classe libre au cours Florent et la prépa à la Fémis. En fait, j’étais déjà dans cette idée que les deux choses marchaient pour moi, me transportaient.
Est-ce que votre expérience en tant qu’autrice-réalisatrice vous donne un autre regard sur votre métier d’actrice, et inversement ?
FS : Totalement. C’est hallucinant ce que j’apprends, comme actrice. Aujourd’hui, je crois au fait que jouer c’est un muscle. Je pratique beaucoup, même quand je ne tourne pas : je vais faire un training à Londres trois mardi par mois. Ce que j’apprends là-bas, de liberté, d’ouverture et d’exploration me sert pour diriger, regarder les acteurs. Et quand je tourne un film, je comprends de quoi a besoin un réalisateur : il n’a pas besoin qu’on fasse les scènes bien, mais de variation, de nuance, de matière.
« Pour les réalisatrices : ne vous pensez pas comme un homme. »
Est-ce que vous avez des conseils à donner aux jeunes réalisatrices et actrices qui veulent se lancer dans le cinéma ?
FS : Venez à la Fête du Court Métrage ! (rires) Venez à des évènements comme ça pour vous créer une famille de coeur artistique, avec laquelle travailler. Tu dis « actrices » et « réalisatrices » au féminin ?
C’est qu’on a toujours l’impression que c’est plus difficile de se faire reconnaître en tant qu’artiste à part entière, quand on est une femme.
FS : Ça m’attriste d’entendre ça, ça fait écho à des choses que j’ai ressenti… Pour les actrices : connaissez vos limites, et pardonnez-vous si on vous contraint à les perdre. Et pour les réalisatrices : ne vous pensez pas comme un homme. Moi-même, j’ai été longtemps dans cette fierté d’être parmi les hommes et du coup, je ne questionnais pas mes récits. Puis j’ai lu les livres d’Iris Brey sur le male gaze, c’est là que j’ai réalisé que je produisais des images conditionnées. Ne vous laissez pas marcher sur les pieds. Choisissez bien vos équipes : pour être avec des gens qui vous regardent bien, vous font confiance et qui n’essaieront pas de prendre votre place.
Même si c’est vrai qu’aujourd’hui, les femmes réalisatrices se font une meilleure place dans le milieu.
FS : Et puis les actrices pâtissent d’une image tragique, selon laquelle une actrice, c’est vulgaire, « baisable », superficiel, ça ne réfléchit pas. Ça fait que dès qu’on [les actrices] tourne, il y a un soupçon ou une crispation autour de la demande de travail, qui n’est pas un caprice ! Quand j’ai vu Sigourney Weaver travailler (Dix Pour Cent, saison 4, épisode 5) j’ai été rassurée : j’avais raison de m’autoriser à réfléchir en dramaturge.
– Entretien réalisé le 20 février 2025