Escape from the 21st century arrive sur nos écrans, fracassant les limites de genres, de rythme et de bon goût, pour le meilleur et… le meilleur.
Quelle est la différence entre la « vidéo YouTube » et le « cinéma » ? Dans le cas du film de Yang Li, Escape from the 21st century, la frontière est difficile à cerner. Loin des canons comiques actuels et attendus (et parfois réussis, comme Peacock sorti cette année), il nous montre que baser notre raisonnement sur la simple et subjective classification médiatique du film serait d’abord méprisant, mais surtout insuffisant.
« En 1999, trois adolescents découvrent qu’un simple éternuement leur permet de voyager dans le temps. Propulsés dans une aventure hors du temps, ils se retrouvent chargés d’une mission capitale : sauver le monde. »

Emmenez-moi !
Escape from the 21st Century nous échappe et semble avoir du mal à se retenir. Sur cette Planète K, clone presque parfait de notre Terre, les journées ne durent que 12 heures. Grâce à ce dispositif, toute temporalité est divisée par deux : le film doit donc aller deux fois plus vite, et nous entraîne dans une intrigue deux fois plus haletante. Il fuit notre réalité comme il fuit nos attentes : Escape from the 21st Century est un film de « divertissement ». Un gros mot s’il en est dans le paysage auteuriste français, dont le film sait faire sa plus grande force.
Divertir, c’est par définition « détourner à son profit ». Et ça, Yang Li l’a bien compris. L’histoire rocambolesque, les personnages en sur-jeu, les gags qui nous rappellent les meilleures années de Golden Moustache… tout participe à faire du film un objet polymorphe, presque désagréable dans sa manière spasmodique de se mouvoir. Cette surabondance, cette force de frappe sert la plus humble des intentions : faire rire. On rit devant le film comme on rit devant le « laissez-passer A38 » des Douze Travaux d’Astérix : nerveusement, fatigué, mais de bon coeur.
Sam fait bien rire
Il serait néanmoins faux de n’en voir que les charges comique et fantastique. Changeant à la fois son rythme, son étalonnage et sa mise en scène, Escape from the 21st Century est aussi une véritable proposition de styles. Alternant des scènes pop, aux couleurs éclatantes, et d’autres sombres, à la photographie sobre et au rythme plus posé, Yang Li met en évidence qu’il sait jouer de codes qu’il maitrise. Mais il serait tout aussi faux de ne pas savoir avouer que la surabondance comique fait de l’ombre aux autres qualités du film.
Drôle ? Escape from the 21st Century l’est. Beau ? Assurément. Mais sa construction narrative, enchaînant futur et présent, montre certaines faiblesses. Bien que tout soit tenu au cordeau et que la qualité globale du film reste constante tout du long, les scènes plus dramatiques tombent à plat. Elles sont bonnes, bien chorégraphiées, avec un montage millimétré, mais elle ne prennent pas. Le film crachote quelques émotions qui n’ont pas le temps de monter en tension avant la prochaine blague. Coût certain du rythme effréné, qui devait sûrement faire un choix entre la musicalité ultra-rapide de son découpage, et le temps que nécessite un vrai attachement émotionnel.
Néanmoins, Escape from the 21st Century est un film réussi. L’ambition écrasante de faire rire est généreusement étalée sur toute l’œuvre. Et cette abondance finira par faire mouche, soit au hasard, soit à l’usure. Et, bien qu’imparfait, c’est une proposition plus que bienvenue dans la simplicité de son ambition, qu’il réussit avec brio. Un des visionnages les plus frais et les plus drôle de cet été.
