Déjà un véritable phénomène dans le reste du monde, Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère) de Pat Boonnitipat débarque enfin en France. Promesses tenues ?
Pat Boonnitipat, réalisateur thaïlandais de 34 ans avec quelques épisodes de séries à son actif, défonce la porte d’entrée de la cour des grands avec Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère), un premier long-métrage à la portée universelle.
« Quand ‘M’ apprend que sa grand-mère est malade, il voit une opportunité de mettre fin à ses galères. En jouant les petits-fils modèles, il compte bien décrocher l’héritage ! Mais gagner ses faveurs est loin d’être une mince affaire. Ce qui commence comme une mission intéressée devient peu à peu l’histoire d’un petit-fils et d’une grand-mère qui apprennent à se connaître. »

La chance du débutant ?
Sidney Lumet (12 hommes en colère), Quentin Tarantino (Reservoir Dogs), Richard Kelly (Donnie Darko) ou encore Jordan Peele (Get Out)… ils sont quelques uns à avoir réussi à marquer les esprits dès leur premier film. Pat Boonnitipat rentre dans ce cercle fermé avec Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère). Derrière ce synopsis qui peut paraître simple, nous sommes face à un film-monde. Une oeuvre qui capture l’essence de la vie et des relations humaines comme avait pu le faire Celine Song et son formidable Past Lives en 2023.
Ici, il n’est pas question d’amour d’enfance mais d’évolution des relations intrafamiliales. Qui n’a pas vécu, ou entendu une histoire dans son entourage, d’une famille qui se déchire pour un héritage ? Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère) décortique ce point de bascule qu’affronte toute fratrie : la fin de vie du père ou de la mère.
Ce dernier est évoqué de façon beaucoup moins froide que le récit livré par Pedro Almodóvar cette année (avec La Chambre d’à côté). En grande partie grâce au scénario de Pat Boonnitipat et de Thodsapon Thiptinnakorn qui doit sa force à son articulation autour de ressentis et de personnages ancrés dans leur propre vécu. Le personnage de la grand-mère de ‘M’ est inspiré de la vraie grand-mère de Thiptinnakorn, celui de la mère de ‘M’, de celle de Boonnitipat…

Une jeune actrice de 78 ans
Une sensibilité qui infuse tout le film et qui permet aux spectateurs de s’identifier. Ce sentiment est accentué par la justesse du jeu des acteurs. Rien n’est surjoué. Une prouesse qui s’explique peut-être par la fraîcheur du duo dans la peau de ‘M’ et Amah, la grand-mère. D’un côté Putthipong Assaratanakul, acteur de séries télé, chanteur et véritable star en Thaïlande, qui trouve ici son premier grand rôle au cinéma. De l’autre Usa Seamkhum, qui à 78 ans, apparaît pour la première fois devant une caméra.
L’évolution de leur relation, tantôt intéressée, méfiante, dure, drôle, touchante nous questionne sur notre propre histoire. Au fil de ma vie personnelle, les souvenirs merveilleux de l’enfance dans lesquels ma grand-mère est toujours là pour m’accompagner se sont étiolés. Ils laissent aujourd’hui un goût amer. Nous avons tous déjà pensé : « J’aurais du plus en profiter ». Et c’est là où le film touche particulièrement en plein cœur jusqu’à un final d’une pure beauté.
Comme après Past Lives, il est difficile de sortir de cette bulle d’émotions brutes qu’est Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère). Car la photographie de l’œuvre et les mouvements de la caméra de Boonyanuch Kraithong lovent les personnages dans une ville de Bangkok intimiste et verdoyante – loin de l’image de mégalopole qu’on peut en avoir – avec le souci d’englober dans les différentes scènes, les détails de l’environnement qui donnent encore plus de profondeur au propos.