Pour son premier long-métrage de fiction, Comme un lundi, Ryo Takebayashi n’a pas choisi la facilité !
À l’aide d’une boucle temporelle et d’une dose d’humour, Comme un lundi remet en question la façon dont le travail influence nos vies et nous fait perdre de vue ce qui compte réellement.
« Votre chef vous harcèle ? Vos collègues vous épuisent ? Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n’imaginez pas ce que traversent Yoshikawa (Wan Marui) et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle… qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ? »
Déjà vu
Rares sont les comédies japonaises qui arrivent jusqu’à nos salles, pourtant ce n’est pas ce qui manque ! Rien que ces dernières années, plusieurs films avec des boucles temporelles ont vu le jour au Japon. Comme un lundi se démarque par son cadre : ce quasi huis-clos se déroule dans une petite agence de publicité. Alors que les employés étaient déjà coincés dans leur travail, ils se retrouvent maintenant obligés de revivre la même semaine en boucle !
Faire de Yoshikawa le personnage central fonctionne bien, puisqu’elle est celle que la boucle temporelle affectera le plus. La boucle temporelle lui permet de voir ce qu’elle ne saisissait pas du premier coup d’oeil. En effet, Comme un lundi met en évidence les mécanismes qui poussent à perdre de vue ce qui est essentiel, à force d’être obnubilé par le travail.
La boucle temporelle est correctement utilisée. Par exemple, le pigeon qui se prend bruyamment la vitre du bureau chaque lundi matin devient un repère pour les spectateurs et les personnages. Ou encore, plusieurs images sont réutilisées pour attester de la longueur de cette boucle temporelle. La courte durée du film (1h23) permet au final de ne pas se lasser de ces répétitions constantes.
Comme un lundi arrive à nous faire ressentir le désespoir des personnages tout en gardant un ton assez léger afin de passer un moment agréable. Le personnage du chef, toujours enjoué, permet aussi de dédramatiser la situation.
Teamwork makes the dream work
La morale du film reste sans doute que « tout seul, on ne fait finalement pas grand-chose », comme l’explique le chef. Alors que le film aurait pu s’engouffrer dans une voie plus sombre, il préfère rappeler que le plus important est de ne pas oublier ce(ux) qui nous entoure(nt). C’est peut-être sa façon de se montrer réaliste : être coincé dans une boucle temporelle est sans doute plus probable que la fin du capitalisme.
Une des meilleures séquences du film est sans doute celle autour de la création du manga. En plus d’ajouter du charme à l’histoire, cela permet de faire le parallèle entre la vie des personnages du film et celle du personnage principal du livre. Les mangas, comme les films, permettent de représenter les tourments et les souhaits de leurs personnages. Ce manga, que l’on peut lire au fur et à mesure de sa production, représente bien cela. La façon dont toute l’équipe a travaillé à le finir boucle le film de manière poétique.
Malgré sa qualité, Comme un lundi nous laisse tout de même un peu sur notre faim. Le film a beau être drôle, il n’en est pas pour autant hilarant ; il a beau mettre en avant l’absurdité de nos sociétés capitalistes, il se limitera à présenter le travail en équipe comme remède à tout. Le film semble être limité par son côté feel good. Néanmoins, c’est sans doute ce qui lui permettra de toucher son public ; ses bons sentiments laissant difficilement de marbre.