Child’s Play : La Poupée du mal de Lars Klevberg quitte son origine pour faire place à un film totalement différent et qui aurait pu porter un autre nom. Il exorcise l’origine du personnage de Chucky.
Child’s Play : La Poupée du mal est un reboot du premier film du même nom sorti en 1988, mais l’essence même du film est différent. La naissance du Chucky de 1988 est liée au vaudouisme, tandis que celle de 2019 représente plutôt la paranoïa des nouvelles technologies, Chucky étant l’allégorie même d’Internet.
Impossible de parler du film sans mettre en avant son détachement plutôt assumé vis-à-vis de ses prédécesseurs et surtout du tout premier film de la série. Et c’est une bonne chose. A une époque où les reboots et remakes affluent en quantité, s’approprier le film est bien plus intéressant que reproduire à l’identique ce qui a déjà été fait. Le mythe est modernisé et Chucky n’est plus un tueur réincarné en poupée, mais une poupée modifiée dans ses codes. Mais que l’on soit dans les années 80 ou de nos jours, une fameuse poupée est la grande star des enfants et adolescents, encore plus de nos jours puisqu’il s’agit d’une poupée dotée d’une légère intelligence artificielle.
Si la première partie est longue à démarrer, le rythme ne change pas beaucoup pendant le film et on reste sur une répétition d’évènements assez prévisibles. Là où Child’s Play : La Poupée du mal manque d’intelligence, c’est dans sa volonté de faire du gore pour faire du gore, tant bien même qu’elles soient justifiées par des choses que voit Chucky à la télévision. Il est marquant dans sa réflexion d’Internet, ses dangers et ses représentations. Chucky représente littéralement Internet. Il est modifié (virus), il a un accès sur les nouvelles technologies (le cloud), il rend accro… Et cette fameuse modification de son code d’origine le fait dérailler, comme un enfant désactivant le contrôle parental.
Mark Hamill rend le personnage exécrable, insupportable, terrifiant et Aubrey Plaza a un rôle de soutien qui lui correspond parfaitement. Le climax est jubilatoire, et même si la morale peut être redondante en mettant encore en avant les dangers d’Internet (à croire que les nouvelles technologies causeront notre perte avant l’écologie…), cette modernité permet au spectateur de s’y retrouver.
Child’s Play : La Poupée du mal est un film fun et jouissif, marqué par un Mark Hamill effrayant. La peur n’est pas la qualité première du film, mais le plaisir qu’on prend devant rend le film plus attrayant qu’il ne l’est vraiment. « You are my buddy, until the end… »