Camille, le biopic de Camille Lepage nous plonge dans le quotidien parfois difficile des photojournalistes. Une vocation à la frontière entre documentaire et recherche d’une satisfaction artistique.
Camille Lepage est une jeune photographe âgée de 26 ans lorsqu’elle s’engage dans l’aventure de sa vie : un reportage sur les tensions en Centrafrique. De là, part son histoire. Une histoire au destin tragique, qui nous est racontée par Boris Lojkine comme un hommage à son travail et à la personne qu’elle était.
Basé sur une histoire vraie
Au cours de ce long-métrage, on distingue une particularité assez frappante et totalement voulue par le réalisateur. Lojkine utilise les photos prises par la journaliste afin de retracer toute son histoire. Se faisant, il témoigne de l’authenticité de ce qu’il raconte et de la réalité des atrocités quotidiennes que vivaient les habitants du pays. Une réalité difficilement supportable où l’on comprend rapidement que chacun a sa part de responsabilité dans ce conflit religieux.
Car s’il y a bien un sujet que traite le film, c’est le point de vue. Le point de vue de Camille dans un premier temps. Mais aussi celui des centrafricains qui sont prêts à se battre au prix de leur vie. Ou encore des autres journalistes qui ne sont là que pour l’information, exécutant leurs tâches tels des machines formatées. Un point de vue donc omniprésent qui place le public comme observateur dans les yeux et l’objectif de la jeune photographe principalement. Le combat de cette dernière est parfois compliqué et incompris des populations. En effet, les habitants la voient comme une donneuse de leçon, plutôt que comme une aide précieuse dans la communication médiatique d’un évènement passé sous silence.
Into the wild
La force de Camille est sans doute son attachement à rendre hommage à une femme qui a consacré sa vie à mettre au grand jour des faits passés sous silence. Nina Meurisse, qui interprète magnifiquement bien le rôle d’une femme forte et combative, porte cette parole.
Une autre dimension, plus artistique cette fois, pose la question de la limite à ne pas franchir. D’abord, entre le fait de vouloir tout montrer, au prix de paraître indifférent face à ce qui se passe derrière l’objectif. Ensuite, avec le fait de tisser des liens avec ceux que l’on photographie pour mieux les comprendre. La question se pose évidemment car au-delà de l’aspect photographique, Camille est aussi un film politique qui place le spectateur français comme témoin d’une situation qui lui échappe, le mettant au pied du mur face à un peuple révolté qui subit une violence depuis plusieurs années.
Camille vient donc interroger chacun d’entre nous. Grâce à la puissance de son art, mais surtout grâce à un récit fort enclin à une violence et une tension. Le tout merveilleusement retranscrit à l’écran par une mise en scène frontale et un jeu d’acteur puissant.