À l’Abordage : Au mois d’août, Félix embarque son ami Chérif pendant une semaine pour faire une surprise à une fille qu’il a rencontré plus tôt. Ils se lient d’amitié avec le conducteur du covoiturage, Edouard. Mais tout ne se déroule pas comme prévu…
Réclamant depuis un an Mektoub, my love: intermezzo d’Abdellatif Kechiche pour se replonger dans un été qu’ils voudraient revivre, les spectateurs pourront découvrir prochainement le nouveau film de Guillaume Brac, À l’Abordage, actuellement diffusé au Champs-Elysées Film Festival en compétition officielle.
Après L’Île au trésor qui lui a valu de figurer dans le top 10 2018 des Cahiers du Cinéma, Guillaume Brac frappe fort avec À L’Abordage. Avec une douceur dont nous avions tous besoin après ces longs mois sans nouveautés, le film apporte une fraîcheur incontestable aux spectateurs qui se prépareront bientôt à retourner dans les salles de cinéma (Braquer Poitiers était la sélection estivale équivalente de l’édition précédente).
Si certains pourraient critiquer le film pour sa légèreté, c’est justement celle-ci qui donne au film cette ambiance apaisante pendant 1h30. Quelque part entre Valence et Montélimar, deux hommes noirs se retrouvent dans un paysage de blancs. Si nous pouvons au départ être étonnés de voir ces deux hommes qui n’appartiennent pas à la bourgeoisie habituellement dépeinte par le réalisateur, le film évolue de manière à nous habituer à cette vision, et en faisant ceci, il souligne deux choses. D’abord, la rencontre respectueuse de différents milieux sociaux et culturels brise la haine habituelle et surtout actuelle. Mais surtout, ce qu’il nous montre est une vision idyllique du monde où des hommes noirs sont traités comme n’importe qui sans aucune discrimination de la part de qui que ce soit.
Il dessine avec sa caméra un monde parfait avec des problèmes du quotidien minimes qui devraient être les seuls problèmes pour tout le monde. De la panne de voiture à la difficulté de conquérir une femme, c’est un enchaînement d’éléments qui rend ce film agréable à suivre.
En plus de proposer un message fort, À L’Abordage est surtout l’occasion pour Félix, Chérif et Edouard de renouer avec des difficultés personnelles. La recherche de l’amour, combler la solitude, se décoincer… Des thématiques toutes abordées avec humour, sans jamais plonger dans la tragédie. Il en découle un aspect feel-good qui nous entraîne du début à la fin du film auprès de personnages attachants qui ont chacun plus ou moins un happy ending. Une ambiance qui nous donne surtout cette envie de replonger dans le passé, dans la nostalgie d’un été qu’on n’oubliera jamais et que nous voudrions revivre pour toujours sans jamais en sortir. C’est ce qui se passe face à cette oeuvre de Guillaume Brac qui propose dans son dernier quart d’heure une séquence de karaoké simple mais émouvante.
Dans le film, Chérif dit que « Tout ne tourne pas autour du sexe et de l’amour. Il y a des relations qui sont désintéressées ». Pour l’été, c’est pareil. Tout ne tourne pas autour d’événements exceptionnels. Il y a des étés qui sont exceptionnels dans leur banalité, et c’est cette banalité que vous pourrez découvrir dans un des meilleurs films français de l’année, À L’Abordage de Guillaume Brac.
Disponible sur Arte
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